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27 mai 2012 7 27 /05 /mai /2012 21:22
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Titre original : De rouille et d’os

Film français sorti le 17 mai 2012

Réalisé par Jacques Audiard

Avec Marion Cotillard, Matthias Schoenaerts, Bouli Lanners,…

Drame

Vivant dans le Nord, Ali se retrouve avec Sam, 5 ans, sur les bras. C’est son fils, il le connaît à peine. Sans domicile, sans argent et sans amis, Ali trouve refuge chez sa sœur à Antibes. Là-bas, c’est tout de suite mieux, elle les héberge dans le garage de son pavillon, elle s’occupe du petit et il fait beau. A la suite d’une bagarre dans une boîte de nuit, son destin croise celui de Stéphanie. Il la ramène chez elle et lui laisse son téléphone. Il est pauvre ; elle est belle et pleine d’assurance. C’est une princesse. Tout les oppose. Stéphanie est dresseuse d’orques au Marineland. Il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu’un coup de téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau. Quand Ali la retrouve, la princesse est tassée dans un fauteuil roulant : elle a perdu ses jambes et pas mal d’illusions. Il va l’aider simplement, sans compassion, sans pitié. Elle va revivre.

     

La réputation du fils du célèbre scénariste-dialoguiste Michel Audiard n’est plus à faire dans le domaine de la mise en scène. Jacques Audiard s’est imposé en une quinzaine d’années comme l’un des réalisateurs français les plus brillants de sa génération après quelques fameux long-métrages tels que Sur mes lèvres, De battre mon cœur s’est arrêté ou encore son dernier film, Un Prophète, qui avait fait sensation au festival de Cannes de 2009. Si son petit nouveau ne devrait pas recevoir des suffrages aussi élogieux, il ne risque pas pour autant de passer inaperçu, que ce soit sur la Croisette ou dans ce paysage du cinéma français souvent monotone et sans ambition.

Commençons déjà par reconnaître que De rouille et d’os ne sera sûrement pas le meilleur long-métrage de Jacques Audiard et qu’il n’atteint pas l’impact de son huis clos carcéral Un Prophète. L’habituel aveuglement de la critique française pour un long-métrage national qui sort, c’est vrai, un peu de l’ordinaire (la carrière du cinéaste et sa participation au Festival n’étant pas étrangères à l’affaire) est clairement exagéré. Mais si l’on va au-delà de ces œillères, le nouveau film d’Audiard devrait quand même apparaitre comme l’un des morceaux non négligeables de cette nouvelle compétition à Cannes parait-il riche en déceptions et où les meilleurs longs-métrages ne semblent pas atteindre le niveau stratosphérique qu’on espérait de leurs parts.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/84/98/20081339.jpgEparpillement

On peut reprocher un certain nombre de choses à De rouille et d’os. D’abord une mise en scène réaliste un peu moins percutante qu’à l’accoutumé, bien qu’il y ait encore une fois un traitement de la lumière et de la photographie des plus louables dans un milieu du cinéma français ayant la désagréable habitude presque revendiquée de délaisser la technique et de ne la considérer que comme un accessoire très dispensable voire honteux ; le scénario devant être le centre même du film plutôt que sa mise en scène, ce qui parait parfaitement logique aux yeux cette « élite » censée travailler un art avant tout visuel. Le scénario justement est le gros point noir du dernier film d’Audiard. Alors que celui-ci avait su prouver qu’il avait hérité du talent de narrateur et de dialoguiste qu’avait son génie de père, Jacques Audiard semble céder à plusieurs reprises à la facilité et à l’écriture bâclée.

Car l’erreur d’Audiard est de ne pas se focaliser sur le « couple » Cotillard/Schoenaerts et leur histoire d’amour pour plutôt s’étendre sur diverses intrigues annexes n’étant pas forcément d’une subtilité à toute épreuve. La plus problématique est celle qui met en scène la sœur du héros, travaillant dans une grande surface glauque qui se met à surveiller son personnel afin de trouver un motif pour dégarnir quelques peu les rangs. Le hic ? Le technicien chargé de faire le tour des magasins pour installer ces caméras illégales est accompagné d’un veilleur de nuit baraqué qui n’est autre que le héros lui-même, devenant ainsi complice du limogeage de la sœur qui veille sur lui et l’héberge depuis des mois.

En parallèle, ce boxeur raté et sans emploi se retrouve affublé d’un gamin qui n’a pas une grande utilité narrative si ce n’est de servir d’enjeu au cours d’une scène de suspense finale, certes importante mais mal amenée et un brin complaisante. Le propos de ces séquences, on l’a bien compris, est fermement « anticrise ». La famille a beau essayé de se souder et de se serrer les coudes, le chômage et la précarité guettent constamment et ces ordures de patrons ne font rien d’autre que de mettre des bâtons dans les roues des ouvriers. On a connu discours plus finaud. Mais le problème c’est qu’il apparait surtout en décalage avec le nœud de l’intrigue, à savoir une romance entre deux inadaptés à la vie en société. Un discours critique qui n’est qu’une fioriture sérieuse afin d’ajouter une caution « auteur engagé » bien opportuniste et inintéressante.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/84/98/20096172.jpgLe corps et l’esprit

Tout comme il avait été assez évident de comparer Bullhead à un film de Jacques Audiard, De rouille et d’os ne peut empêcher de faire penser à ce film belge, et pas uniquement parce qu’il partage le même acteur principal phénoménal (un peu moins massif que dans le film de Michael R. Roskam mais imposant malgré tout). Il s’agit dans les deux cas d’une histoire d’amour entre un « mutilé » et une âme en peine. Dans Bullhead, le héros se retrouvait castré après un accident et était privé de ses attributs virils, qu’il essayait de surcompenser, et voyait surtout la perte de son moyen de reproduction, anéantissant ainsi presque complètement la perspective d’un amour et d’un accomplissement familial. Dans De rouille et d’os, l’héroïne se voit soudainement privée de ses si séduisante guiboles qu’elle se plaisait à exhiber (d’ailleurs c’est la première chose que l’on voit d’elle) et perd ainsi son moyen de locomotion ainsi qu’une part de sa féminité (elle a plus de mal à séduire).

Face à ces accidents qui les rendraient moins humains (on les regarde avec un mélange de frayeur et de condescendance), ils désespèrent de trouver une personne compatissante pour les aider à se « compléter » et vivre comme les autres. Dans Bullhead, le héros cherche cette aide du côté de son amour de jeunesse ; dans le film d’Audiard, l’héroïne la trouve chez ce videur peu expressif et pas des plus vifs d’esprit. Une masse brute de muscles renfermant une rage et une violence tétanisante (dans un coup de colère il blesse son jeune fils) mais qui recèle pourtant une étonnante délicatesse dès qu’il s’approche du personnage de Marion Cotillard. C’est principalement ce décalage qui est intéressant chez le personnage de Matthias Schoenaerts : cette aptitude soudaine à être attentif, attentionné, entreprenant avec cette femme alors qu’il est incapable de montrer une once de compassion ou de subtilité avec les autres, y compris sa propre sœur et son fils. Cela rend aussi son identification assez complexe tant il apparait parfois comme buté et crétin dans son comportement ; à un point qu’on finit par espérer qu’il en soit puni, ce qui sera presque le cas par la plus infâme des manières.

Il s’agit en somme d’un colosse aux pieds d’argile qui rencontre une sirène. L’affiliation avec le conte de fées peut surprendre mais, après réflexion, elle n’est pas si farfelue que cela. Il y a une certaine ressemblance avec la Belle et la Bête entre cette belle jeune femme fragile et ce « monstre » essayant de dévoiler la part d’humanité et de sensibilité qui se cache en lui ; Bullhead en était d’ailleurs déjà une relecture. Il y a aussi un côté La Petite Sirène inversée avec le personnage de Marion Cotillard qui, pour trouver l’amour, doit perdre ses jambes et qui ne se sent bien que dans l’eau où elle peut encore se déplacer sans être gênée par son handicap. On a même droit au happy end façon « tout finit bien comme par magie » qui pourra apparaitre de trop ou, en tout cas, amené trop rapidement comme si Audiard se pressait en catastrophe de finir son long-métrage et qu’il n’avait pas trouvé une meilleure solution pour conclure les divers arcs narratifs qu’il avait mis en place.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/84/98/20081341.jpgComplémentarité

Il y a cependant de belles audaces dans De rouilles et d’os qui ne s’embarrasse pas de tabou pour montrer sans détour, mais sans aucune obscénité ni voyeurisme, l’handicap de cette ex-dresseuse d’orques. Les scènes de sexe ne sont en rien dérangeantes et dégagent un érotisme étrange et fascinant qui n’est pas sans rappeler certaines séquences sexuelles déviantes d’un Cronenberg (on pense inévitablement à Crash qui relatait entre autres les découvertes sexuelles d’une bande de blessés et de mutilés après des accidents de voiture). Mais ici, point de morbide. Juste une fascination étrange à l’encontre de ces corps meurtris, incomplets, imparfaits qui tentent de « s’emboiter » pour faire un tout unique et indivisible.

L’histoire d’amour du dernier long-métrage de Jacques Audiard traite surtout de ça : de la recherche de la complémentarité des corps. Deux être imparfaits vont s’associer pour fonctionner comme un seul être. C’est sur cette histoire qu’Audiard aurait du se focaliser au lieu de s’épancher inutilement sur des personnages qu’il ne parvenait pas à bien écrire. Cette histoire d’amour entre une femme physiquement réduite et un homme à la psychologie insuffisante. Le personnage de Marion Cotillard insuffle l’humanité à cette « bête » instinctive tandis que celui de Matthias Schoenaerts lui donne la force (physique mais pas seulement) de se déplacer, de se battre comme lui lorsqu’il combat ses adversaires et de reprendre ainsi espoir.

On peut aussi légitimement voir le dernier film d’Audiard comme une redite de Sur mes lèvres, ce dernier étant néanmoins plus abouti, qui relatait l’union entre une employée sourde et un stagiaire « bad boy » sortant de prison. Là encore il s’agissait de s’unir pour palier les faiblesses de l’autre par ses propres capacités. Cette complémentarité, ce lien dans le dernier long-métrage d’Audiard était déjà perceptible dès le titre du film. « De rouille et d’os » se réfère en effet aux deux personnages principaux. Le premier se rapporte aux jambes artificielles de l’ancienne dresseuse d’orques tandis que le second concerne le boxeur qui n’a pas perdu ses articulations. Mais aucun des deux ne sortira indemne. La rouille indique bien un caractère délabré qui se réfère aux « blessures » et aux épreuves que traverse le personnage de Cotillard tandis que le boxeur se brisera les os de la main lors d’une séquence assez cruciale.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/84/98/20096174.jpgLa Môme Cotillard

Si l’ensemble du casting est assez juste, le duo d’acteurs principaux vole néanmoins la vedette à tous les autres. Schoenaerts confirme sa révélation tonitruante il y a une poignée de mois et semble déjà promis à une belle carrière ; Michael Mann lui-même aurait avoué avoir été très impressionné par le jeune homme et on se prend à rêver d’une collaboration future qui ne pourrait qu’accoucher d’une œuvre intense. La grosse surprise reste avant tout Marion Cotillard. L’actrice n’étant pas forcément reconnue pour ses interprétations des plus subtiles, elle nous fait bien mentir en étant absolument époustouflante de justesse. Dans un rôle où elle aurait facilement pu tomber dans le pathos le plus insupportable, elle se révèle d’une gracieuse sobriété et trouve haut la main le meilleur rôle de sa carrière jusque là.

Il est donc dommage que ce film optimiste, ce qui fait un certain contraste avec le précédent long-métrage très sombre Un Prophète, soit entaché par de maladroits problèmes de narration et d’écriture indignes d’Audiard. Car cette histoire d’amour inversée, qui se finit par un « je t’aime » au lieu de commencer de cette façon, avait tout pour se démarquer du genre et devenir une œuvre phare. Une occasion manquée qui reste malgré tout plutôt plaisante en regard de la production française de ces derniers mois et pour laquelle on peut à la fois louer les effets spéciaux impressionants et rester admiratif de quelques plans très forts (Cotillard de dos devant le bassin avec. un orque s'approchant droit vers elle, Cotillard devenant organisatrice de combats illégaux,...). Cette année devrait cependant encore être une belle année pour Marion Cotillard puisqu’on la verra dans un rôle bien mystérieux dans The Dark Knight Rises de Christopher Nolan, puis en premier rôle dans le nouveau film de James Gray, Low Life, avec Joachim Phoenix et Jeremy Renner. On la retrouvera enfin en 2013 aux côtés de Clive Owen, Olivia Wilde, Zoe Saldana et Matthias Schoenaerts dans Blood Ties réalisé par son compagnon  Guillaume Canet, un remake co-écrit avec Gray des Liens du sang dans lequel Canet tenait déjà l’un des premiers rôles principaux.

NOTE :  6,5  / 10

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16 mai 2012 3 16 /05 /mai /2012 08:45
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Titre original : Dark Shadow

Film américain sorti le 09 mai 2012

Réalisé par Tim Burton

Avec Johnny Depp, Eva Green, Michelle Pfeiffer,…

Comédie, Fantastique, Epouvante-horreur

En 1752, Joshua et Naomi Collins quittent Liverpool, en Angleterre, pour prendre la mer avec leur jeune fils Barnabas, et commencer une nouvelle vie en Amérique. Mais même un océan ne parvient pas à les éloigner de la terrible malédiction qui s’est abattue sur leur famille. Vingt années passent et Barnabas a le monde à ses pieds, ou du moins la ville de Collinsport, dans le Maine. Riche et puissant, c’est un séducteur invétéré… jusqu’à ce qu’il commette la grave erreur de briser le cœur d’Angelique Bouchard. C’est une sorcière, dans tous les sens du terme, qui lui jette un sort bien plus maléfique que la mort : celui d’être transformé en vampire et enterré vivant. Deux siècles plus tard, Barnabas est libéré de sa tombe par inadvertance et débarque en 1972 dans un monde totalement transformé…

     

Ce n’est plus une rumeur mais un fait presque établi : la carrière de Tim Burton était sur la pente descendante après son Sleepy Hollow en 1999. Si l’espoir était encore permis avec des œuvres certes imparfaites mais encore assez notables telles Charlie et la chocolaterie ou Sweeney Todd, il devenait évident que Tim Burton n’était plus aussi inspiré qu’avant. Cependant, il y avait encore suffisamment de fulgurances et d’inspirations pour pouvoir sauver ces long-métrages. Mais Burton commençait à se répéter, comme s’il avait fait le tour de son univers si particulier.

Deux évènements familiaux eurent probablement un impact très fort sur la psyché du metteur en scène de Burbanks : la mort de son père qui avait notamment servi à expliquer le désintérêt de Burton pour La Planète des Singes, film ayant pourtant des thématiques en adéquation avec celle que l’auteur employait depuis le début de sa carrière, et la naissance de son premier enfant. Ce dernier évènement a peut-être amené l’éternel « freak » d’Hollywood à se calmer, à se ranger dans ce cadre familial qu’il décriait pourtant dans ses précédents long-métrages. On se retrouvait ainsi avec des films prônant un message contraire de celui qu’il revendiquait fièrement au début des années 90. Là où il avait une vision romanesque et tragique des « freaks » et des monstres, éternellement rejetés par une société pourtant bien plus laide qu’eux, Burton se mettait à faire des long-métrage prônant le « retour dans le rang » et la perte de cette différenciation, pourtant à la fois fardeau et cadeau.

Willy Wonka intégrait la famille de Charlie et pardonnait son père alors qu’il n’avait cessé de se mettre en scène en tant que « prophète » marginal et solitaire, tandis que Sweeney Todd, refusant de délaisser sa noirceur et sa folie, se faisait punir en étant tué traitreusement par son « enfant ». Un final qui en disait d’ailleurs très long sur la psychologie de Burton, ce qui fit de Sweeney Todd son dernier film véritablement personnel à ce jour. Une démarche régressive qui atteignit son accomplissement avec l’abject Alice au pays des merveilles, adaptation pour lequel Burton était fait il y avait encore quelques années, chapeautée par un Disney que Burton acceptait enfin, scénarisée n’importe comment en détruisant la complexité du récit en la transformant en une quête clichée, gonflée en 3D et vomissant des CGI d’un autre âge à la figure du spectateur. Alice y abandonnait à la fin son imaginaire pour aller faire du commerce dans les colonies anglaises. Vive le capitalisme ! Burton n’est non pas mort il y a dix ans mais bien en une triste année 2010.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/05/49/20011862.jpgRésurrection d’un mort-vivant

La question était maintenant de savoir si une renaissance était possible pour Burton, le fait qu’il fasse pire encore qu’Alice n’étant pour l’instant pas envisageable voire même concevable. C’est en cela qu’intervient Dark Shadows qui peut être intéressant à décortiquer pour voir dans quelle direction Burton compte aller. Il s’agit de l’adaptation d’un « soap opéra fantastique » interminable (plus de mille épisodes tournés en quelques années) très populaire dans les pays anglophones mais quasiment inconnu en France. Premier détail qu’il faut noter, c’est un projet de Johnny Depp qui adore la série et qui a réussi à convaincre son grand ami Burton de le réaliser alors qu’il n’était absolument pas emballé. Ca en dit long sur l’implication finale du réalisateur sur ce projet de commande. Mais des films commerciaux réussis, voire transcendés, il y en a déjà eu un certain nombre.

D’autant plus que Dark Shadows dispose de tous les éléments typiques de Burton : le gothique horrifique (vieux manoir, vampires, sorcières, loups garous, fantômes,…) et esthétique kitsch digne d’un Beetlejuice ou d’un Charlie… . Le mélange des deux avait tout pour donner une rencontre assez jouissive. Or, c’est peut-être là le premier grand défaut de Dark Shadows : à une époque où Burton apparait en pleine régression et répétition, le voir s’atteler à quelque chose qu’il maîtrise déjà est en soit peu intéressant. Burton est en terrain connu. Il le sait et ne prend en plus aucun risque. Tout dans Dark Shadows peut quasiment être rapproché à un élément des films précédents de Burton.

Dark Shadows, c’est un concentré facile de la filmographie du cinéaste qui n’arrive jamais à la hauteur de ses prédécesseurs. Dès le prologue, la note d’intention est limpide : Burton copie ce qu’il a fait. L’introduction de Dark Shadows est assez semblable (jusqu’aux effets numériques ignobles dévoilant un gothisme de pacotille) au prologue de Sweeney Todd. Le fait que le premier plan de chacun soit un navire émergeant de la brume d’un Londres de la fin du XVIIIème siècle n’aide pas. Cela annonce d’emblée un film apparemment plus sombre que ne le laissait présager les bandes annonces. Impression illusoire tant le mélange des genres n’est pas savamment dosé.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/88/72/18/20057653.jpgParadoxe temporel

Des moments « gores » ou « horrifiques » viennent comme un cheveu sur la soupe alors que l’heure était à la rigolade quelques secondes avant. Impossible de comprendre le personnage de Barnabas qui se révèle soudain meurtrier dès qu’on fait une mauvaise action alors qu’il se dit pourtant capable de se contrôler. Tantôt il peut réguler sa soif, tantôt il ne peut plus. Là où Sweeney Todd allait au moins jusqu’au bout de sa logique furieuse et violente, apparaissant presque comme un coup de gueule de Burton contre tout ceux qui essayaient de le faire rentrer dans le rang, Dark Shadows reste le cul entre deux chaises. On ne peut pourtant nier que malgré ses rares fulgurances « violentes », le film est extrêmement sage et confortable. C’est pourtant dans ces fulgurances que le film trouve ses rares bonnes idées : la peau de la sorcière qui se craquelle comme celle d’un œuf, la maison qui saigne, la séquence du réveil sanglant de Barnabas ou encore la manière dont ce dernier aspire jusqu’à la dernière goutte le sang de la psychologue.

Le reste, soit 90% du temps, se limite à être une comédie dramatique ni drôle, ni dramatique. L’humour vole au ras des pâquerettes et se contente régulièrement de gags « anachroniques ». La bande annonce faisait ressembler Dark Shadows à une version des Visiteurs ; il s’avère en fait que le dernier long-métrage de Burton est VRAIMENT un remake fantastique de la comédie de Jean-Marie Poiré. On retrouve même le gag identique de la télévision qui était dans le deuxième opus, la différence étant que le surjeu de Depp est loin d’égaler l’extrémisme de la performance de Christian Clavier. C’est tout juste si on n’attend pas à un moment l’arrivée de la camionnette de la poste et de son conducteur « sarrasin ». Le choc des deux mondes ne se fait que comme ça : par des gaffes de Barnabas envers un objet qui n’existait pas à son époque ou par des expressions dépassées. Cela ne se fait que par « clashs » ; jamais ces mondes ne finissent par se connecter afin de montrer que le gothisme du XVIII-XIXème siècle pouvait rejoindre l’esthétique kitsch et outrancière des années 1970. Aucune réflexion n’est apportée.

Ce choc des générations et des cultures ne doit donner lieu qu’à quelques plaisanteries ringardes (on a même droit à un hommage inattendu à Terminator 2) et à l’apparition de clichés parfois embarrassants. La manière dont sont dépeint les hippies et la façon dont Burton essaye vaguement de relier cette histoire à l’actualité de l’époque (guerre du Vietnam, égalité et libération sexuelle) sont pour le moins très maladroite. Burton se la joue ensuite Scorsese en essayant de déballer une discographie typiquement « seventies » avec quelques classiques pour bien souligner l’époque. A noter qu’au niveau musical, Danny Elfman ne s’embête pas trop en signant une composition insipide ; pour une fois, Tim Burton se refuse même complètement à ouvrir son long-métrage par un générique sur le thème d’Elfman qui dévoilerait l’ambiance du film. Ici il ne s’agit que de simples vues aériennes d’un train traversant une forêt sur la chanson « Nights in White Satin » pendant que le générique défile sur une typographie neutre.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/88/72/18/20057645.jpgRépétitions

La direction artistique est pour le coup complètement attendue puisqu’il s’agit encore une fois d’une synthèse de l’univers Burton. Si les décors intérieurs représentant le manoir de Collinwood sont assez travaillés, il est très regrettable que l’on ne voit surtout que la même poignée de pièces. D’autant plus que l’immensité du manoir et sa richesse architecturale sont mentionnées à plusieurs reprises au cours du récit. En fin de compte, cela se limite à plus de 50% à l’immense hall d’entrée. De même pour la ville de Collinsport dont on ne voit que le port et un bistrot. Au moins peut-on dire que Burton a fait plus sobre qu’à l’accoutumé, notamment en regard à son boursouflé Alice. La photographie de Bruno Delbonnel est toujours aussi pleines d’effets et réutilise les mêmes filtres, non plus jaunes comme chez Jeunet, mais violet-bleu d’Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé. Mieux vaut se taire au niveau du montage tant il est juste déplorable (il faut voir la séquence d’amour acrobatique pour le croire).

Le casting est lui aussi sans surprise. On retrouve d’abord les vieux comparses Johnny Depp et Helena Bonham Carter. Le premier est évidemment le personnage principal qu’il interprète comme quasiment tous ses autres rôles depuis Pirates des Caraïbes en 2004 : un ersatz costumé et grimé n’importe comment à la gestuelle maniérée et insupportable. Pourtant promis à un sublime parcours à l’aube des années 2000, Johnny Depp continue de faire sombrer sa carrière dans les méandres du cabotinage et de l’encaissement systématique de chèques. Pour peu, on croirait qu’il s’est tellement lassé de la comédie qu’il a décidé de ne plus jouer que devant la caméra de ses amis Tim Burton et Gore Verbinski. Carter est au diapason avec ses choix de carrière depuis Fight Club, elle s’évertue ici à être un second rôle sans intérêt dans le film de son mari qui a décidé de l’y placer coûte que coûte. Elle fait le minimum syndical et ce n’est pas encore aujourd’hui que sa carrière va se relever.

Parmi les autres habitués on compte l’éternel Christopher Lee venu dire quatre répliques (mais faut bien faire un peu de « fan service ») ou encore la caution roublarde Michelle Pfeiffer, sachant qu’elle reste dans le cœur des adorateurs du Burton de la belle époque comme l’actrice qui a eu l’un des meilleurs rôles dans la filmographie du cinéaste (l’inoubliable Catwoman dans Batman le défi, film considéré à raison comme l’un des sommets de sa carrière). Manque de chance, leur nouvelle collaboration ne signera pas une œuvre inoubliable. Elle est d’ailleurs présentée dans la première partie comme un personnage important de Dark Shadows, puisque c’est en effet elle qui découvre la vraie nature de Barnabas et qui l’accepte chez elle avec quelques idées derrière la tête (on ne saura jamais trop lesquelles), avant d’être reléguée bien au fond de l’arrière plan jusqu’à la fin.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/88/72/18/20057655.jpgEparpillement

On en vient donc au problème central de Dark Shadows, à savoir son script. Car si toute la forme du long-métrage n’est que pure répétition des précédents films de Burton, son scénario, lui, ne peut même pas se targuer de reprendre les histoires mises en scène par le réalisateur. L’ennui, c’est qu’il est déjà difficile de parler de scénario, d’histoire, voire même de vague trame tant le script part dans tous les sens sans jamais résoudre ou traiter correctement une seule des multiples intrigues qu’il a mis en place dans la première demi-heure. On pourra toujours dire qu’il s’agit d’un parti pris conscient en hommage à la nature de « soap opera » du matériau original (multitude des personnages et d’intrigues) nécessitant des raccourcis et des ellipses lorsque l’on essaye de le condenser en deux courtes heures. Mais le principe d’une adaptation cinématographique est justement d’en faire autre chose ou de s’adapter à ce format si spécifique. Ce que l’équipe de tournage n’aurait donc pas fait.

L’autre explication est tout simplement que le script n’était absolument pas abouti (peut-être n’était-ce même qu’une première version) au moment du tournage. Si Dark Shadows n’est quand même pas aussi ignoble qu’Alice au pays des merveilles, son scénario et sa narration sont néanmoins infiniment plus catastrophiques puisqu’Alice racontait au moins à peu près correctement une quête, barbante au possible, mais qui restait le centre de l’intrigue en amenant le personnage d’un point A à un point B.

Le centre de Dark Shadows semble être au départ cet impossible « ménage à trois » entre le séducteur Barnabas, l’amour de sa vie du nom de Josette et sa maîtresse et servante au nom trompeur d’Angélique. Bien que la première meurt sous l’influence maléfique de la seconde, celle-ci semble se « réincarner » dans la jeune « Victoria », belle femme mystérieuse attirée pour une raison inconnue au manoir de Collinwood. L’idée est ainsi de rejouer ce triangle amoureux quelques deux cents ans plus tard, Barnabas devant cette fois réussir à éviter ce qui c’était passé avant que la cruelle sorcière Angélique ne l’enferme dans un cercueil. Or, quelques minutes après le retour de Barnabas et alors que cette nouvelle relation commence tout juste à s’esquisser, elle est mise en retrait pendant près de trois quarts d’heure de long-métrage pour ensuite revenir ponctuellement pendant la dernière demi-heure.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/88/72/18/20057647.jpgLa faune de Collinwood

Et c’est comme ça pour tout le monde. La maîtresse de maison (Pfeiffer) semble avoir des plans à assouvir en découvrant que Barnabas est un vampire (elle demande à ce qu’elle soit la seule au courant donc c’est qu’elle doit sûrement avoir une idée derrière la tête) mais on ne saura jamais trop lesquels puisqu’elle disparait en partie du long-métrage. Son frère à elle a un fils, David, perturbé depuis la mort accidentelle de sa mère. Mais il ne se sent visiblement pas l’âme d’un père (ce qui est mal pour Burton qui en rajoute une couche en faisant de lui un profiteur, un voleur et un homme à femmes) et décide donc d’abandonner son fils dans une scène que Burton veut déchirante. La seule petite chose qu’il a du oublier, c’est que ce père indigne a tout au plus dix lignes de dialogues dans tout Dark Shadows pour « justifier » ce choix devant le spectateur. Quant au fantôme de la mère, il viendra faire coucou dans les dernières minutes pour mettre fin à tout ce bazar laborieux en poussant un bon cri. Voilà, voilà, paye ton climax intense qui ponctue une bagarre laborieuse. Ca valait bien la peine de faire tout ce carnaval si on pouvait y mettre un terme aussi facilement.

La jeune gouvernante Victoria venait quant à elle à Collinwood pour s’occuper du pauvre David. On était alors en droit d’attendre une scène ou deux de dialogue entre eux, d’autant plus qu’ils ont des points communs : abandonnés et trahis par leurs parents, on les prend pour des fous car ils voient des esprits. Rien. Niet. Et la psychologue alcoolique (Carter) venue pour aider David avant de lamentablement échouer et squatter depuis le manoir des Collins ? Elle ne sert à rien pendant une heure et demie et c’est à peine si on la voit. Puis elle déclare en tête à tête avec Barnabas qu’elle se sent vieille et de moins en moins belle et qu’il a donc de la chance d’avoir droit à une éternelle jeunesse. La suite est grosse comme une maison et est expédiée en deux temps et trois mouvements. Le personnage ne réapparaitra plus avant un plan final prévisible et consternant : le film n’a même pas résolu les enjeux précédents qu’il fait mine d’en instaurer de nouveaux pour une hypothétique suite qui ne verra heureusement jamais le jour à la vue de la performance en demi-teinte au box office de cette production à 150 millions de dollars (budget délirant quant on voit le résultat qui parait en avoir couté au moins cinq fois moins).

Le summum est atteint avec le personnage consternant de l’ado rebelle jouée par Chloe Moretz qui livre une performance bien en-dessous de ses capacités d’actrice. Que pouvait-elle faire cependant, avec ce rôle « d’allumeuse » grossière qui a l’air de s’ennuyer (pour ne pas utiliser un autre mot) d’être là ? Rôle inutile au demeurant qui ne donne qu’une révélation finale tellement embarrassante que le mieux aurait été de la supprimer au montage. Surtout que ce rebondissement ne sert strictement à rien dans le récit et qu’il est ponctué par une réplique lamentable du personnage et des effets spéciaux à rendre aveugle quiconque d’un peu exigeant en termes de trucages. Là encore, on ne pourra bien que parler de « fan service » servile pour justifier cet ajout de dernière minute. Le scénario ne fait que perpétuellement s’éparpiller, préférant par exemple donner cinq minutes de concert à Alice Cooper plutôt que d’approfondir ces vagues pistes.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/88/72/18/20057652.jpgDiabolique Angélique

Au final, il ne reste bien que l’absolument magnifique et talentueuse Eva Green (Casino Royale) dans le rôle d’Angélique. C’est à cause, ou plutôt grâce à elle que le film est sauvé in extremis. Dévorant l’écran de son charisme félin, elle vole quasiment toutes les scènes où elle apparait, même lorsque Johnny Depp essaye de surjouer encore plus que sa partenaire. Mais là où on s’est habitué à voir ce dernier faire un peu n’importe quoi, il est plus inattendu de voir l’actrice française, découverte dans des long-métrages intellectuels « d’auteurs », se lâcher complètement de façon jubilatoire. D’autant plus que son personnage dégage une sexualité torride assez inédite dans l’univers très prude et masculin de Burton (à l’exception notable de sa Catwoman SM).

Il est probablement là, l’unique intérêt de Dark Shadows. De voir Burton s’atteler à des séquences pleines de sous-entendus érotiques (ça reste quand même « PG-13 ») alors que ses films étaient pour la plupart dénués intégralement de sexualité. Est-ce la nature « so french » de l’actrice qui a amené Burton à se dévergonder comme ça ? Probablement pas, mais on ne peut enlever le fait que cette association inattendue est la bonne surprise de ce pâle Dark Shadows et que la relation Barnabas/Angélique renvoie à la confrontation douloureuse d’amour et de haine entre Batman et Catwoman dans Batman le défi (un clin d’œil peu subtil et de mauvais goût fait référence à l’image assez marquante et tordue du « baiser » entre les deux super-héros) Le personnage de la sorcière est d’ailleurs de loin le plus intéressant du film, bien qu’il soit difficile de discerner avec précision ce que pense Burton de cette diabolique Angélique.

La séquence finale est bien ardue à décrypter puisqu’on ne sait pas si son dernier geste avant de mourir est une ruse destinée à piéger Barnabas ou bien une révélation honnête qui amène ce dernier à être beaucoup moins sympathique que prévu. Cette absence de réponse dessert le film puisqu’il ne permet pas de comprendre le parcours et les choix des personnages. Est-elle la victime d’un bourgeois prétentieux dont la vraie malédiction serait de briser les cœurs ou n’est-elle qu’une domestique bien trop entreprenante ayant péché en osant sortir de son rang et qui ne peut aimer car elle ne rêve que de « posséder » les choses (richesses et humain) ? Pour cela, il aurait évidemment fallu que Burton se concentre sur son sujet plutôt que de partir dans tous les sens et ne jamais traiter correctement les divers axes narratifs. C’est Angélique qui apparait même comme le personnage « burtonien » par excellence puisqu’il s’agit de l’unique personnage vraiment « freak » de cet univers. Elle est l’étape après Edward aux mains d’argent. Le freak qui n’a pu être aimé par cet « autre normal » et qui, pour ne plus être seul, décide de le transformer en « freak » pour pouvoir être compatibles.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/88/72/18/20057651.jpgFantômes du passé

C’est sur ce personnage immortel et sa tragédie que le Burton pré-Sleepy Hollow se serait focalisé. Mais il ne s’intéresse maintenant plus que vaguement au redressement d’une entreprise familiale aristocratique qui n’est même pas conclue (cette intrigue étant elle-aussi mis en suspens) et à un « faux » monstre qui cherche à tout prix à redevenir humain, lâchement piégé par une roturière qui a osé essayer de faire bouger les classes sociales et de genre (d’ailleurs tout est toujours de la faute de cette dernière). Disons que si l’on aborde Dark Shadows par le biais d’une lecture « sociale », la morale prônée fait dresser les cheveux sur la tête tant Burton semble soutenir cette riche famille d’aristo prétentieux plutôt que l’entrepreneuse brisée et exploitée qui aurait dû rester en bas de l’échelle sociale (dans son rang, plutôt que d’oser regarder ce jeune homme de la « haute »). La classe d’en bas est fourbe, cruelle et ambitieuse alors que la classe aristocratique est paisible et bienveillante à l’encontre du bon peuple.

Barnabas est la continuation même de cette exécrable Alice de Burton. Cette dernière partait en mer pour faire du commerce sur le dos des colonies, Barnabas ouvre le récit en allant avec sa famille faire fortune dans les colonies britanniques en Amérique. Il est bouleversé par la mort de l’amour de sa vie mais ne se gêne pas pour coucher avec deux autres femmes (acte dédouané par « l’excuse » du chantage et de la surprise). Ces tromperies étant toujours traitées sur une tonalité comique jamais à l’encontre de Barnabas, on peut conclure que Burton n’en veut pas le moins du monde à son personnage principal pour ce comportement assez irrespectueux. Au moins aurait-il pu sciemment jouer sur cette ambiguïté qui aurait fait de Barnabas un calculateur plutôt qu’un pauvre être, victime involontaire de son pouvoir attractif qui amène les femmes à se jeter sur lui et son engin ? Et que peut-on conclure de cette dernière séquence plus gothique et romantique, amenant Barnabas à accepter enfin son statut de vampire ? Bon ou mauvais revirement de Burton ? Le temps nous le dira mais cette synthèse de son œuvre après une décennie de décente en piquée pourrait laisser espérer une remise en question de Burton afin d’aller de l’avant.

Si ce n’est que son prochain projet n’est que la version longue produite par Disney d’un court-métrage qu’il avait réalisé dans les années 80 et qui avait justement choqué le studio à l’époque. Et là, le doute s’installe. Et si, au contraire, cette image du manoir en flammes était l’ultime touche d’un Burton signifiant à son audience qu’il abandonne définitivement ce gothisme « en dur » pour ces images numériques hideuses et indolores ? Un Tim Burton qui, après avoir tué ce cadavre exubérant et morbide de Sweeney Todd, s’acharnerait à en bruler la demeure pour se libérer de cet héritage noir et mieux s’enfoncer dans le consensuel et le commercial. L’avenir nous le dira. Mais pas sûr qu’un renouveau artistique lui sera possible tant qu’il restera soumis aux ombres rassurantes et voraces de Johnny Depp, d’Helena Bonham Carter et de son producteur Richard D. Zanuck qui le « soutient » depuis La Planète des Singes.

NOTE :  3 / 10

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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 23:59
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Titre original : The Cabin in the Woods

Film américain sorti le 02 mai 2012

Réalisé par Drew Goddard

Avec Kristen Connolly, Chris Hemsworth, Anna Hutchison,…

Epouvante-horreur, Thriller

Cinq amis partent passer le week-end dans une cabane perdue au fond des bois. Ils n’ont aucune idée du cauchemar qui les y attend, ni de ce que cache vraiment la cabane dans les bois…

  

Quoiqu’on en pense, Joss Whedon est à un tournant de sa carrière. Pour ceux qui n’auraient pas encore entendu parler de lui, il est mondialement connu pour être le créateur de la célébrissime série « Buffy contre les vampires ». Possédant sa propre mais puissante « fan base », Whedon s’est fait un nom en tant que scénariste après avoir travaillé sur Toy Story, Alien 4 ou encore le dessin animé Disney Atlantide : l’empire perdu. On peut remarquer que son parcours au cinéma s’est d’abord fait sur des projets de moins en moins aboutis, les deux dernières œuvres précitées ayant justement d’assez gros problèmes de narration et d’équilibre en terme de dosage des genres.

Mais il a fini par décrocher le gros lot en écrivant et réalisant Avengers, film de super-héros extrêmement surestimé qui remporte actuellement un succès absolument disproportionné (plus d’un milliard de dollars un peu plus d’une semaine après la sortie américaine), tout en ayant coécrit avec Drew Goddard (le script de Cloverfield) le scénario à concept de La Cabane dans les Bois. Comme il est difficile d’en parler sans spoiler, ce qui va suivre devrait être lu une fois que vous aurez vu le long-métrage en question (à moins que l’effet de surprise ne vous intéresse pas le moins du monde).

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/92/01/20092272.jpgPromenons-nous dans les bois

Comme tout film concept, le long-métrage réalisé par Drew Goddard  repose essentiellement sur son idée de petit malin. Pour le coup, il est vrai que l’idée, si elle ne relève peut-être pas du jamais vu si on la décortique chirurgicalement, est particulièrement originale et inattendue. L’ennui, c’est que Goddard et Whedon n’ont pas jugé utile de faire monter une tension en montrant d’abord un archétype du « teen-slasher movie » qui est ensuite lentement perverti par des éléments inattendus dévoilant peu à peu une réalité bien plus grande et perverse. Le mystère aurait ainsi été bien plus fort et la révélation plus inattendue. Or, le pot aux roses est dévoilé dès les vingt premières minutes ce qui annihile une bonne partie du suspense et des effets de surprise.

On a néanmoins une contrepartie puisque l’on adopte la place de ces « scénaristes » cherchant à piéger ce groupe d’adolescents minutieusement choisi.La Cabane dans les bois est en fait l’histoire d’un piège gigantesque où une équipe de « techniciens » se lance dans une forme de téléréalité aux moyens financiers illimités. Le but ? Laisser ces jeunes victimes choisir et agir de leur propre chef. Mais s’assurer plus que tout, pour une raison cruciale qui ne sera dévoilée que bien plus tard, que l’issue finale leur soit fatale. Ou comment donner l’apparence du choix. Il y a ainsi en permanence un décalage entre ce qu’il y a à l’écran (du cinéma) et à l’écran de l’écran (l’image des caméras de surveillance).

Cela confère une ironie au long-métrage qui peut se montrer plaisante pendant un temps. Les techniciens et scénaristes qui élaborent ce piège cruel (il ne s’agit même pas d’un jeu puisqu’il n’y a rien à gagner et il ne doit encore moins y avoir une chance de gagner) parient par exemple sur le choix involontaire que les jeunes vont faire dans cette mystérieuse cave pleine d’antiquités qui se trouve sous la cabane. Chaque objet pouvant déclencher une menace liée à lui. Mais on croit pendant un temps que l’on n’en verra qu’une seule puisqu’ils tombent malheureusement sur la « famille de zombies sadiques ». On entrevoit alors un univers bien plus vaste où le monde entier s’adonne à ces rituels sacrificiels 2.0 pour contenter de mystérieux maîtres ou démons destructeurs et ainsi préserver la paix et la survie de l’humanité. On comprend aussi que d’autres monstres (tous ceux de l’imaginaire horrifique) peuvent être mis à l’œuvre pour varier les sacrifices et l’on regrette, comme le fait remarquer l’un des deux scénaristes déçus du choix des cinq jeunes, de ne voir que le classique coup du zombie carnivore.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/79/66/20102220.jpg… pendant que le loup n’y est pas

Et les deux scénaristes de s’« autocongratuler » de tout maîtriser à la perfection, tel Josh Whedon et Drew Goddard qui jubilent à la simple idée de connaître par cœur tous les codes du film d’horreur et du slasher et qui n’hésitent pas à dévoiler fièrement le pot au roses comme deux gamins tout fiers d’avoir dénoncés l’un de leurs camarades. Mais pour cela, encore aurait-il fallu qu’ils aient vraiment assimilé ces codes pour pouvoir jouer avec. Car c’est bien beau de montrer à quel point le film d’horreur utilise des stéréotypes très précis mais c’est quelque peu inutile si c’est pour avoir des personnages qui feignent d’être différents (ils cassent le système donc c’est qu’ils ont quelque chose de spécial) mais qui sont exactement les mêmes coquilles vides que dans les slashers communs moqués.

Le groupe est en effet composé des figures archétypales de la catin (elle roule une pelle à un loup empaillé au cours d’une scène grotesque), du bellâtre, de l’intellectuel, du dingue et bien sûr de la vierge. Une caractérisation à la truelle et franchement condescendante qui n’est pas aidée par le jeu outrancier des acteurs, notamment celui, absolument insupportable, qui incarne le « geek parano » (on finit par se retrouver du côté des méchants tant ces jeunes sont idiots et crispants). Le duo Goddard/Whedon échoue aussi au niveau du mélange des genres. La Cabane dans les bois est de ce point de vue assez semblable avec le grotesque Alien 4 de Jeunet : un film comico-horrifique. En tout cas c’est ce qu’ils se veulent puisqu’ils sont finalement bien plus proche de la parodie cynique. On essaye de détourner les genres en faisant mine de les comprendre mais tout ce qu’on parvient à faire c’est de déconstruire avec mépris toute une mythologie sous-jacente.

Comme dans Alien 4 et Avengers, l’humour n’intervient jamais au bon moment. Il empêche toute tension ou émotion de naitre. Goddard et Whedon passent leur temps à couper leurs scènes de suspense (celles dans la cabane) avec les réactions gamines de ces quinquagénaires manipulateurs. Un parti pris qui amène la totalité des meurtres à être complètement attendu et dénué du moindre impact. Certes, il y a bien au départ un décalage cruel et déconcertant. Mais passé la vingtième scène identique, la répétition commence à se faire longue, artificielle et insignifiante. Le résultat c’est qu’on a l’impression que Whedon et Goddard ont tellement honte de faire des films de genre, qu’ils essayent de faire comme s’ils étaient plus malins que tout le monde et qu’ils ne s’étaient pas fait du tout avoir.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/92/01/20072370.jpgMassacre à la sulfateuse

Au « mieux » pourra-t-on sauver les vingt dernières minutes qui sombrent dans un bazar, assez jouissif au demeurant, qui pousse enfin le concept dans ses derniers retranchements. Quitte à faire dans la gaudriole racoleuse, autant y aller à fond les ballons. Cette séquence d’assaut plus proche du jeu vidéo (on tire sur tout ce qui bouge, on traverse des couloirs pour se trouver au niveau supérieur avant d’arriver au grand « boss » final) est assez efficace bien que l’on ait à plusieurs reprises l’impression de regarder passivement un autre en train de jouer. On voit donc Goddard et Whedon se faire plaisir à réunir enfin tout ce bestiaire, qui n’avait été que mentionné jusque là, dans un déluge de gore numérique et d’effets spéciaux qui piquent régulièrement les yeux.

Mais pour le coup on se marre enfin de voir se lâcher cette production horrifique coincée fonctionnant sur deux ou trois « jump scare » et jubilant d’avoir osé montrer une poitrine dénudée comme si elle venait de briser un tabou. On est loin de l’empathie, de l’humour et de la subtilité d’écriture d’un Shaun of the Dead, autre « parodie » horrifique qui, pour le coup, savait manier les codes du genre et les détourner. Dans La Cabane dans les bois, tout le monde se fait trucider dans la joie et la bonne humeur, sans qu’aucune tension ne soit ressentie (on parle de fin du monde quand même). La petite apparition surprise finale d’une actrice adulée par la communauté geek pour son rôle de « dézingueuse » de monstres baveux vient conforter ce « méta-texte » puisqu’elle incarne la chef des opérations sous le nom de « the director » ; rôle qui joue ainsi sur une double signification pouvant aussi la montrer comme une réalisatrice se servant de cette équipe (de tournage) pour créer des films d’horreurs à l’intention des géants/spectateurs venus avoir leur lot de sang et de victimes sacrifiées rituellement.

Après les exécutions dans les arènes romaines ou encore les arrachages de cœurs chez les Aztèques, il y a La Cabane dans les bois. Le long-métrage est en fin de compte assez similaire au petit malin Scream de Wes Craven dont l’introduction restait le seul grand moment de gloire. Une tentative en fin de compte assez vaine d’autopsie du genre, qui y instille un humour plus ou moins efficace (à ce petit jeu Craven est meilleur) et apparait ainsi comme une révolution et une redéfinition du film d’horreur. Si on voit après coup la vague d’œuvres cyniques et peu efficaces que Scream a apporté, l’héritage potentiel que pourrait léguer cette Cabane dans les bois si elle devenait le porte-étendard du genre fait pour le coup assez froid dans le dos. Et le long-métrage de s’achever sur un plan grotesque, dévoilant ce qui aurait du rester cacher et étant presque un doigt d’honneur au spectateur lui montrant qu’on le prend définitivement pour un crétin en ne lui donnant que ce qu’il a envie de voir pour annihiler tout esprit de contradiction. Fin de la grasse blague, vous pouvez enfin sortir de la salle.

NOTE : 3,5 / 10

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9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 21:26
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Titre original : Margin Call

Film américain sorti le 02 mai 2012

Réalisé par J.C. Chandor

Avec Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons,…

Drame, Thriller

Pour survivre à Wall Street, sois le premier, le meilleur ou triche. La dernière nuit d’une équipe de traders, avant le crash. Pour sauver leur peau, un seul moyen : ruiner les autres…

     

Le cinéma, et particulièrement américain, a régulièrement eu comme habitude de s’emparer des sujets d’actualité pour en faire des long-métrages critiques et documentés pour éveiller leur public. La guerre du Vietnam ou encore le conflit irakien furent deux exemples assez révélateurs d’une industrie hollywoodienne qui pouvait ne pas se révéler si frileuse qu’elle en avait l’air en produisant des long-métrages peu après voire en même temps que les évènements qu’ils décrivaient. Actuellement, le grand sujet à charge est évidemment la crise économique qui a frappé à l’échelle internationale. Le milieu financier a déjà maintes fois intéressé le septième art. L’œuvre phare reste bien entendu le fameux  Wall Street d’Oliver Stone mais de nombreux films annexes ont pris comme décors cet univers pour le moins mystérieux.

Un univers pour le moins très peu cinégénique. En l’état, ce ne sont souvent que des costards-cravates qui arpentent des bureaux impersonnels en haut de gratte-ciels, lisant avec un air concerné des écrans pleins de chiffres que les néophytes peinent à comprendre. C’est un monde qui s’explique moins par le regard que par la parole et les discours. Difficile de rendre un long-métrage captivant en partant avec un tel postulat de base. Le maître mot dans ce cas-là est le « didactisme » ; un didactisme suffisamment clair pour que le spectateur se repère et comprenne les enjeux sans qu’il soit pour autant excessivement appuyé.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/82/78/77/19786950.jpgBe careful !

C’est la mission initiale de Margin Call, premier film de J.C. Chandor qui en a écrit aussi le scénario qui eut le droit il y a quelques mois à une nomination à l’oscar. L’atout principal dans sa manche n’est autre qu’un casting cinq étoiles réunissant quelques pointures (Kevin Spacey, Jeremy Irons, Stanley Tucci, Demi Moore) et de « jeunes premiers » (Simon Baker, Zachary Quinto, Paul Bettany). On perçoit ainsi aisément un conflit générationnel intéressant qui s’opère entre les « vieux de la vieille » qui se croient sereinement assis sur leurs convictions et les petits nouveaux prêts à faire leurs preuve et à en découdre pour prendre leurs places. Le grand point fort de Margin Call est l’interprétation puisque Spacey retrouve sa présence d’antan qui avait plus ou moins manqué dans ces derniers films, Stanley Tucci joue impeccablement un second rôle en retrait et silencieux tandis que Jeremy Irons fait preuve d’un charisme que n’avait pas vraiment ses récents personnages (d’autant plus qu’il commençait à se faire rare sur les écrans). Il n’y a bien que Demi Moore qui n’arrive pas à véritablement s’imposer bien que son personnage hautain et agaçant lui sied à merveille.

Le scénario est assez abouti quant à l’écriture des personnages, même ceux étant plutôt secondaires ce qui constitue un bon point en ces temps où le cinéma a tendance à soit délaisser le travail d’écriture, soit à trop en faire. Ici, il y a une vraie efficacité et concision dans la narration. Par contre, il peine encore à rendre limpide l’univers et le langage de la haute finance malgré les innombrables tentatives de réexplication par les personnages de la situation et des solutions proposées. La réplique « speak english ! » pour demander à l’interlocuteur de s’exprimer plus clairement est pourtant répétée à plusieurs reprises, mais sans succès au grand dam du spectateur mais aussi des personnages qui ont bien du mal à voir et à comprendre la menace qui arrive. On se retrouve donc contrait d’observer la réaction de ces personnages pour comprendre si ce dont ils parlent est une bonne ou une mauvaise chose.

Il est assez difficile de rentrer et de s’impliquer au cours des trente premières minutes tant le manège des licenciements et le contenu sulfureux d’une clé USB laissée par l’un des licenciés (dont le contenu sulfureux est dévoilé par la réplique alarmante « sois prudent ») semble assez obscurs. Après une série d’entretiens (trois au total avec Paul Bettany, puis Simon Baker, puis Jeremy Irons) visant à expliquer la tragédie qui se prépare, le film parait enfin démarrer et commence à ressembler à une version boursière du Titanic. On sait que cela se finira mal et que l’unique façon de sauver la compagnie est de vendre toutes ses propriétés avariées au risque, inévitable, de détruire le marché financier. Cette longue nuit, la dernière avant une crise sans précédente, voit quelques âmes solitaires déambuler dans des couloirs neutres, vides et oppressants en voyant se profiler la fin de leur boulot et les terribles conséquences que leurs actes vont engendrer à partir de six heures du matin, heure à laquelle commencera la vente en vue de vider les propriétés que le groupe possède.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/82/78/77/19786925.jpgExclusion

Pourtant ce n’est pas ici, dans cette marche inéluctable vers la catastrophe qui aurait tout d’une tragédie, que réside l’intérêt central de Margin Call. La séquence de la vente est d’ailleurs tronquée, réduite au strict nécessaire par un montage rapide et elliptique. Pas de suspense malvenu, où le spectateur s’inquièterait à l’idée que la vente ne soit pas complète avant l’heure de fermeture de la bourse, ce qui amènerait le spectateur à s’inquiéter du fait que la société ne parvienne peut-être pas à ruiner tous les autres. Margin Call se focalise avant tout sur ce « moment de suspension », cette nuit où le monde est encore pareil mais où cette poignée de personnes présentes dans un même building est la seule à savoir que ce monde est sur le point de disparaitre.

Ces traders, ces hommes de la finance se retrouvent ainsi en pleine introspection sur leur métier, leurs illusions et leur avenir. Pour sauver leurs places, ils devront accomplir l’inacceptable, à savoir mettre tous les autres sur la paille. Margin Call est un long-métrage assez contemplatif et si sa mise en scène est loin d’être élaborée ou audacieuse, on ne peut lui enlever qu’il filme de façon assez étonnante, presque aérienne, la ville de New York. D’autant plus que Chandor se borne souvent à filmer la ville en plongée (comme si elle était vue depuis le haut de ce gratte-ciel). La « masse » ne peut être distinguée autrement que par ses minuscules véhicules ou silhouettes. Aucun homme « moyen » ne sera visible pendant le film. Ils n’existent pas, ils ne sont que mentionnés. Les conséquences sur ceux-ci ne concernent pas ces traders du ciel déconnectés de la réalité et qui considèrent que deux millions et demi de dollars se dépensent en quelques semaines (monologue hallucinant de Bettany).

Rares sont les employés ou sous-directeurs qui prennent encore en compte le facteur humain. Des licenciements ? C’est une démarche normale du système pour l’organisation de la société. Presque aucune allusion aux familles de ces personnages n’ait faite. Ils sont lointains, mentionné parfois puis oublié aussitôt. Seul Eric Dale (Tucci) semble avoir gardé un soupçon de compassion : il s’inquiète encore de l’avenir de sa femme et de ses enfants tandis qu’il se remémore avec nostalgie l’époque où il faisait un métier « concret » qui servait la communauté (il avait fait construire un pont afin d’économiser du temps de « vie » à ceux qui roulaient  en voiture). Tous les autres paraissent détachés : le personnage de Bettany est célibataire, on suppose que c’est aussi le cas des deux jeunes personnages principaux, et les autres semblent travailler en pleine nuit sans qu’ils ne soient réclamés. Sam Rogers, qui est incarné par Kevin Spacey, est si délaissé qu’il ne peut au final plus que pleurer sur sa chienne mourante, l’unique compagnon qui lui reste.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/82/78/77/19786945.jpgDes Dieux et des hommes

Margin Callest un peu comme La Taupe de Thomas Alfredson, mais en bien moins abouti : c’est un film de « fantômes ». D’âmes damnés et abandonnées, dévouées uniquement à leur boulot prenant et déshumanisé. Aucune émotion ne doit apparaitre au point qu’ils finissent par n’en éprouver plus aucune. L’univers de l’espionnage et le monde de la finance, même combat ? Peut-être. Tout comme La Taupe, Margin Call montre à la fin une réorganisation complète du bâtiment et de ceux qui y travaillent « après » la tempête. Ceux qui y ont survécu et ont prouvé leur loyauté peuvent rester et prendre du galon pour essayer de garder le navire à flot. Mais à l’inverse du long-métrage d’Alfredson, celui de J.C. Chandor ne voit pas la résolution (bonne ou mauvaise) du problème initial des personnages principaux. Qu’ils descendent (socialement ou spatialement) ou grimpent les étages, ils restent solitaires. Ils sont condamnés à la solitude, à l’exil, à la « marge ». Ceux d’en bas doivent se reconnecter à cette société « normale », mais il y a bien peu d’espoir d’une reconversion ; ceux d’en haut pallieront à cette éloignement de la société du bas, de l’homme moyen, en donnant leurs âmes et leur honnêteté à la compagnie qui les abrite.

Le long-métrage s’achève sur une séquence un poil trop symbolique qui voit inévitablement la mort de la chienne que Rogers essayait de garder en vie à n’importe quel prix, même les plus exorbitants. La symbolique n’est pas des plus subtiles puisqu’elle marque la mort de la société et du marché financier tel qu’il était avant cette vente massive et frauduleuse désormais accomplie mais aussi celle du personnage qui se retrouve tout seul après avoir compromis son intégrité pour l’argent dont il a tant besoin. La fin idéale se trouvait pourtant quelques minutes plus tôt lors d’une discussion que Rogers a avec le directeur John Tuld (Irons). Ce dernier lui explique que tous ces chamboulements ne sont que d’éternels recommencements. Pourquoi se scandaliser puisque ces crises apparaissent tous les vingt ans et que celle-ci ne lui semble pas différente des autres ? La population ne compte pas. Seule sa propre survie prime sur les autres. Wall Street est une jungle urbaine, une jungle métallique et grise où les arbres ont l’apparence d’immeubles géants de plus de quarante étages. Une jungle dont on ne peut survivre que lorsque l’on se trouve en sécurité dans les cimes. Et le directeur de continuer paisiblement son diner dans son « Olympe » au-dessus de la ville de New York. Les dieux de la finance ne tomberont pas encore cette fois.

NOTE :  5,5 / 10

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6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 13:59
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Titre original : Miss Bala

Film mexicain sorti le 02 mai 2012

Réalisé par Gerardo Naranjo

Avec Stéphanie Sigman, Noe Hernandez, James Russo,…

Drame

Au Mexique, pays dominé par le crime organisé et la corruption. Laura et son amie Uzu s’inscrivent à un concours de "Miss Beauté" à Tijuana. Le soir, Laura est témoin d’un règlement de compte violent dans une discothèque, et y échappe par miracle. Sans nouvelle d’Uzu, elle se rend le lendemain au poste de police, pour demander de l’aide. Mais elle est alors livrée directement à Nino, le chef du cartel de narcotrafiquants, responsable de la fusillade. Kidnappée, et sous la menace, Laura va être obligée de rendre quelques "services" dangereux pour rester en vie.

     

Ce n’est plus un secret pour les cinéphiles : le Mexique est un pays sur lequel il faut compter dans le monde du septième art. Ces quinze dernières années nous l’ont brillamment prouvé en révélant trois des cinéastes les plus importants de notre époque : Alejandro Gonzales Inarritu (21 grammes, Babel, Biutiful), Guillermo del Toro (L’Echine du Diable, Le Labyrinthe de Pan) et surtout Alfonso Cuaron (Y tu mama tambien, Les Fils de l’Homme). Et il se pourrait maintenant qu’il faille compter sur Gerardo Naranjo, qui vient de faire avec Miss Bala ce que l’on appelle une tonitruante révélation.

 Mais cette révélation, il est malheureusement fort probable que seule la métropole pourra clairement en profiter tant ce film mexicain n’est pas aidé par sa distribution en salles. Il faut ajouter à cela une affiche en tout point immonde qui montre bien que les gens du marketing, quand il s’agit de vendre un film autre que français ou américain (et encore !), ont plutôt un poil dans la main en se limitant à prendre une simple photo et à y ajouter le titre. Pourtant le long-métrage de Naranjo est loin de tomber de nulle part puisqu’il a fait au préalable le tour d’un certain nombre de festivals. Un long voyage jusqu’à nos cinémas français qui n’était pas passé inaperçu puisque Miss Bala avait été à plusieurs reprises loué par ceux qui avaient eu la chance de le voir.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/08/15/19740796.jpgSeule contre tous

Et il ne devrait pas en être autrement pour ceux qui auront le courage, voire la chance, de le choisir plutôt que le très surestimé et boursouflé Avengers qui squatte actuellement le parc d’exploitation français ; mais c’est toujours le désavantage d’un film distribué aussi massivement et qui rencontre un succès pareil au point d’oblitérer le reste des sorties (bien qu’une bonne partie d’entre elles demeure malgré tout bien oubliable et anecdotique). Miss Bala est pourtant audacieux à plus d’un titre. Il s’agit d’abord d’un film dénonçant la guerre des cartels de drogue qui gangrène la société mexicaine. Un thème fort et osé puisque cette guerre ne fait rien de moins que plusieurs milliers de victimes, souvent collatérales, par an dans tout le pays. Si le message final a un côté moralisateur inutile (les cartels, c’est mal et dangereux), puisque le long-métrage le faisait très bien comprendre par lui-même, Miss Bala ne demeure pas moins un bel uppercut nécessaire et salvateur sur le sujet.

L’autre grande audace de Miss Bala est d’être un long-métrage « de genre » (film de gangster et thriller) qui met une femme en premier rôle principal. Il ne s’agit certes pas d’une « femme forte » dans le sens qu’elle prendrait les armes pour se rebeller. Elle ne peut en fait que subir l’autorité et l’influence de ces « dominateurs machistes ». La force du long-métrage se situe pourtant bien là, en accentuant la sensibilité, la féminité et la fragilité de cette femme face à l’engrenage machiavélique qui s’est enclenchée autour d’elle dans un milieu fondamentalement masculin. Cette caractérisation facilite aussi l’identification du spectateur. Point de surhomme ou de « surfemme ». Il n’y a qu’une jeune fille innocente qui essaye de s’extirper du piège qui lui est tombé dessus. Elle est le personnage qui intéresse le réalisateur, celui préférant par exemple passer plus de temps à la filmer en train d’admirer une robe qu’elle ne pourrait acheter qu’avec de l’argent « sale » plutôt que de mettre en scène de longues fusillades. Miss Bala est un faux film d’action.

La tension assez forte de ce long-métrage vient du fait qu’il ne semble pas y avoir d’issue possible. Une fois que sa seule famille (son père et son petit frère) est loin d’elle pour être à l’abri, la jeune Laura se retrouve dénuée de toute aide extérieure. Un seul choix au final se posera pour elle : acceptera-t-elle cette mécanique implacable pour devenir complice, même involontaire de ces hors-la-loi ? Ou bien se révoltera-t-elle contre les missions dangereuses et criminelles, au risque de le payer de sa vie, dans tous les sens du terme ? Un choix cornélien dont la résolution demandera à la fois de l’audace mais aussi de l’intégrité. Quoi qu’il en soit, il ne peut y avoir de « happy end » puisqu’on ne peut ressortir indemne d’une telle plongée en enfer. Les innombrables films sur les mafias l’ont toujours montré : si l’on peut entrer « aisément » dans le milieu, il est bien plus compliqué d’en sortir ne serait-ce qu’en un seul morceau.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/08/15/19746385.jpgL’« étoile » de Tijuana

On pourrait comparer la situation de Laura Guerrero à celle d’une mouche qui s’est emprisonnée dans la toile d’une araignée et qui, en luttant pour s’en dégager, ne fait que s’empêtrer encore davantage tout en incitant le redoutable arachnide à s’en approcher pour porter le coup fatal. Laura tombe par hasard dans le cartel de « l’Etoile ». Elle n’est au départ qu’une jeune femme pas très riche comme il y en a des milliers à Tijuana. Elle est encore une jeune fille qui rêve de princesses et qui tente donc de passer le concours « Miss Baja California » (Miss Basse-Californie) pour accéder à la célébrité mais surtout à la richesse. Elle est enfin pleine d’idéaux et d’illusions sur ce monde. Son père semble aimant et protecteur, elle s’occupe de son petit frère comme s’il s’agissait de son fils et elle joue encore à la l’adolescente joyeuse et insouciante avec sa meilleure amie espiègle.

Tout bascule en quelques instants, dans une boite de nuit. Au mauvais endroit et au mauvais moment, elle assiste et réchappe à un assaut meurtrier de ce gang contre une poignée d’agents américain de la DEA. Cherchant à retrouver sa meilleure amie qui a disparue depuis l’attaque, Laura retombe aux mains de ce gang qui l’avait laissé filer. Il la garde vivante malgré ce qu’elle a vu mais il y a une contrepartie : elle doit les aider quand les membres le lui demanderont. Et particulièrement son chef Lino avec qui va se nouer une relation très ambigüe de maître et d’esclave. Il apparait à la fois comme son protecteur et son tortionnaire. Il semble aussi tombé sous le charme de la « belle », s’arrange pour lui faire gagner le concours de beauté et parait hésitant à utiliser son autorité incontestée ainsi que la menace pour profiter d’elle. Quelques détails lui font perdre de sa superbe comme le fait qu’il boite, se fasse tirer dans la jambe et qu’il ne semble pas « puissant » sexuellement parlant (on a en effet l’impression qu’il a du mal à coucher avec elle lors de la scène de « viol »).

A l’inverse, la frêle Laura fait preuve d’un certain courage en le soignant et en acceptant les basses besognes qu’il lui confie. Malgré sa peur compréhensible, elle arrive à garder la tête haute face aux épreuves angoissantes, violentes et traumatisantes par lequel elle va passer. Miss Bala est un film sur le « réveil », la désillusion. Cela est particulièrement perceptible par le biais de l’intrigue parallèle avec le concours des « miss ». La longue séquence qui voit sa rapide et très douteuse ascension en tant que Miss Baja California est à la fois révélatrice d’un système corrompu à tous les niveaux mais aussi de la destruction des rêves et des ambitions. Ce concours n’importe plus pour Laura dès lors que ces proches sont mis en danger. Gagner une couronne ne permet pas d’acheter sa liberté dans cette ville de brutes. Avant de s’inscrire, Laura disait en riant à son amie que le premier prix était le droit pour la gagnante de coucher avec un riche vieillard. Triste ironie du sort, c’est effectivement ce qu’elle devra faire pour avoir une « victoire » complète : appâter et faire tuer un vieux général.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/08/15/19725165.jpgPoint de vue

La mise en scène est en adéquation avec l’atmosphère réaliste du film. La menace est permanente et peut survenir d’un seul coup. En un instant, votre vie peut se transformer en véritable cauchemar. … privilégie ainsi les longs plans séquences et travellings pour suivre ses personnage, leur coller à la peau et ressentir leurs peurs. En ne coupant pas le fil d’une action par le montage et en respectant la temporalité, Miss Bala a un caractère d’immédiateté, presque documentaire, qui rend le film plus immersif. La réalisation adopte le point de vue de son héroïne puisque les plans séquences se font tous à partir d’elle. Ce qu’on voit, c’est ce que Laura voit. L’action n’est perçue que par elle ce qui permet au spectateur de se mettre à sa place. Il y a notamment un long plan subjectif où le spectateur « devient » le conducteur d’une camionnette transportant trois cadavres ; il devient ainsi lui-aussi le complice forcé du gang. Parmi les autres moments impressionnants, on compte notamment une fusillade en voiture assez percutante ou encore une scène de suspense finale assez tendue.

La fin est d’ailleurs le bémol principal que l’on peut trouver au film de Gerardo Naranjo. Le retournement de situation final n’est pas suffisamment bien amené pour être véritablement marquant et compréhensible. Au final, tout le monde est corrompu et la guerre de la drogue est loin d’être gagnée. La seule perdante ne peut être que Laura, victime des deux camps corrompus qui ne jurent que par l’argent. Bien qu’elles se combattent, la police et la mafia luttent avec les mêmes armes et les mêmes objectifs. Seuls quelques loups solitaires, sommairement éliminés, menacent véritablement l’équilibre en recherchant à vraiment faire justice. Mais en fin de compte, la vie d’avant de Laura est finie. Elle est symboliquement « morte » en criminelle. Il ne lui reste alors plus qu’à errer afin d’espérer de « renaitre » un jour aussi « pure » qu’auparavant. Mais l’actrice Stéphanie Sigman risque bien, quant à elle, de revenir sous peu sous les écrans tant sa prestation et son charisme sont impressionnants.

NOTE :  07 / 10

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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 12:28
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Titre original : The Avengers

Film américain sorti le 25 avril 2012

Réalisé par Joss Whedon

Avec Robert Downey Jr., Chris Evans, Mark Ruffalo,…

Action, Aventure, Fantastique

Lorsque Nick Fury, le directeur du S.H.I.E.L.D., l'organisation qui préserve la paix au plan mondial, cherche à former une équipe de choc pour empêcher la destruction du monde, Iron Man, Hulk, Thor, Captain America, Hawkeye et Black Widow répondent présents. Les Avengers ont beau constituer la plus fantastique des équipes, il leur reste encore à apprendre à travailler ensemble, et non les uns contre les autres, d'autant que le redoutable Loki a réussi à accéder au Cube Cosmique et à son pouvoir illimité...

     

Les super-héros sont enfin de retour cette année. En passant outre le solitaire Ghost Rider, peu d’attention qu’il mérite amplement tant son film est un fiasco à tous les niveaux, les surhommes masqués apparaissent enfin « dignement » sur grand écran cette année avec « l’évènement cinématographique de 2012 » : Avengers de Joss Whedon. Bien qu’il faille déjà préciser un détail puisque maintenant le film le plus attendu de la communauté « geek » se confond intrinsèquement avec « le film le plus attendu de l’année » tant l’internet est devenu le lieu de promotion d’un long-métrage.      

Il est vrai que le projet était assez excitant sur le papier. Il s’agit d’abord de l’adaptation cinématographique des « Vengeurs », association de super-héros « Marvel » qui a alimenté les rêves de tous les amateurs de comics.  Avengers est un puits à fantasmes au même titre qu’Expendables pour un amateur d’« actioners » virils des années 80. Le genre de film dont l’attente est tellement démesurée qu’elle ne peut que donner lieu à deux réactions opposées : la déception car l’attente ne pouvait pas être comblée, ou bien le fanatisme puisque le film tant attendu ne « peut » pas être imparfait, en tout cas dans l’esprit du spectateur qui a patienté aussi longtemps. C’est ainsi que l’on se retrouve depuis près de deux semaines avec des réactions dithyrambiques au sujet du film de Whedon que l’on qualifie de « Retour du roi du film de super-héros », en référence au final démentiel et sublime de la trilogie du Seigneur des Anneaux adaptée des romans de Tolkien.      

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/31/58/20069303.jpgSmash !    

Disons que du point de vue de quelqu’un qui n’est pas spécialement un immense fan de « comics » et dont la perspective de voir Hulk, Thor, Captain America et Iron-man combattre ensemble ne le fait pas spécialement sauter de joie, la réception critique de ce blockbuster somme toute assez banal lui semblera très clairement disproportionnée. Mettons les choses au point, Avengers n’est pas un mauvais film, il passe même pour le moment comme l’un des rares blockbusters de 2012 que l’on regarde sans avoir une furieuse honte d’être dans la salle. Accessoirement c’est aussi l’une des meilleures productions « Marvel ». Un argument qui ne vaut certes pas grand-chose quand on voit la qualité « cinématographique » de purges comme Thor de Kenneth Branagh ou encore Iron man 2 de Jon Favreau. D’autant plus qu’aucun film sur Hulk n’avait vraiment marqué les esprits. Disons que l’ajout de Joss Whedon, ponte de la télévision adulé pour avoir notamment crée la série « Buffy contre les vampires » mais quelques peu novice dans le domaine du gros budget, au poste de réalisateur ne rassurait pas spécialement en termes d’exécution et de personnalité du long-métrage. Tout juste pouvait-on se dire que Brad Bird et Andrew Stanton, eux-aussi pas très habitués à ce type de films, avaient plutôt réussis leurs brusques passages dans ce domaine.    

En l’état, Whedon a bien géré son affaire. Sa grammaire cinématographique est extrêmement limitée et il se contente d’iconiser ses personnages en les filmant en contreplongée. Lors des scènes de dialogue, la réalisation ne s’élève pas plus au-dessus du niveau d’une mise en scène de télévision et le format de l’image ne fait que renforcer cet effet. Mais il se montre parfaitement capable d’emballer correctement une séquence d’action parfaitement lisible et se lance parfois dans des plans assez audacieux (dont un plan séquence très judicieux qui unit dans l’action les différents « Avengers » autrefois divisés tout en montrant bien leurs spécificités mises au service d’un même but).    

Il est juste dommage qu’il y ait malgré tout un confondant manque d’épique dans les scènes d’action. Aussi « énorme » soit-il, le final est moins impressionnant que celui du Transformers 3 de Michael Bay et Whedon peine à élaborer des « money shots ». Lorsque Hulk donne un magistral coup à la figure d’un des vers extraterrestres géants, lui faisant faire un salto avant au milieu des buildings, Whedon n’arrive pas à trouver un angle qui mette la séquence pleinement en valeur. Sur une cascade « similaire », même Nolan qui n’est pourtant pas le meilleur dans l’iconisation de ses personnages, avait donné beaucoup plus d’impact et de force à la scène où un immense camion se retournait littéralement sur le dos.    

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/78/96/78/20083106.jpgSurhommes    

Mais le problème vient avant tout du rythme et du scénario. Avengers est malheureusement assez similaire à Pirates des Caraïbes 3. Un film évènement censé conclure une aventure commencée quelques années auparavant, embourbé par une heure et demi de discussions inintéressantes qui repousse le final vendu dans la bande annonce. Marvel avait en effet amorcé le projet Avengers il y a de ça plusieurs années et avait produit des « demi-films », souvent barbants, qui faisaient office d’introductions régulièrement bâclées de super-héros que le studio entendait réunir dans Avengers. Sans ceux-ci, pas d’Avengers. Il aurait été difficile pour ce dernier d’être un vrai long-métrage entrant rapidement dans le vif du sujet s’il devait introduire correctement rien de moins que six personnages complètement atypique. Au final, est-ce que cela valait le coup d’attendre plus de cinq années et de dépenser plus d’un milliard de dollars ?    

Clairement, non. D’autant plus que, même délesté de l’introduction de ces personnages, le film est très bancal au niveau de sa structure narrative et laissera plus d’un néophyte sur le carreau pendant la première demi-heure. La séquence post-générique n’excitera bien que quelques « geeks » et plongera le spectateur lambda dans l’incompréhension la plus totale tant la nouvelle menace n’est à aucun moment inclus ou évoqué dans le reste du film. Il y a aussi des problèmes de raccords avec les anciens films : le Captain America est devenu une légende vivante alors qu’il avait été congelé après sa première grande mission. Et les facilités scénaristiques sont légions. Ces figures héroïques et égocentriques qui peinent, par leurs intérêts et leurs caractères divergents, à s’entendre, s’unissent soudainement autour de la mort d’un personnage tellement secondaire qu’il rend difficilement crédible ce traumatisme soudain et fédérateur. D’autant plus qu’il est clairement et bêtement explicité par Nick Fury (Samuel L. Jackson) pour bien que le spectateur occupé à son popcorn n’oublie pas l’enjeu de la séquence. De même, l’arrivée de Hulk en « deus ex machina » est aussi assez hasardeuse puisqu’il retrouve très rapidement et on ne sait trop comment le reste de l’équipe qui vient à ce moment-là d’engager la bataille finale.    

Enfin, on a du mal à comprendre l’utilité du long épisode dans le destroyer volant où le méchant principal Loki, demi-frère traitre de Thor, se fait capturer dans un but précis. Scène extrêmement classique du genre sauf que son but non avoué est de diviser un groupe qui n’était même pas encore formé au moment de sa capture. Le personnage de Loki est d’ailleurs révélateur de l’ambiguïté du long-métrage de Joss Whedon. Comme pour Battleship, il est difficile de discerner le degré d’ironie présent dans Avengers. D’un côté il semble incarné de façon très sérieuse par Tom Hiddleston qui se plait visiblement à incarner un vrai méchant de « comics » : cruel, maléfique, avec un sourire inquiétant et exagéré, mégalomane, traitre,… Bref, toute la panoplie imaginable. Or il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, volontairement ou non, chez ce Loki. Il y a une volonté perceptible de ridiculiser le méchant principal. Il est au final assez faible, lâche, manipulé. L’exemple parfait est la séquence où il se lance dans un monologue mégalo classique avant de soudainement se faire ratatiner dans une séquence, hilarante au demeurant, qui l’oppose à un Hulk qui ne fait pas dans la dentelle.    

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/78/96/78/20061188.jpgPuny God    

Cette séquence aurait pu fonctionner si Loki avait été pendant tout le reste du long-métrage une menace crédible. Une menace qui n’aurait justement jamais été questionné et qui se serait soudainement fait remettre à sa place (un « dieu de pacotille ») par un Hulk bien énervé. Mais le problème est que ce Loki est déjà caractérisé comme un être fragile qui ne parvient pas à s’imposer face à son demi-frère Thor. Il se fait entourlouper par une humaine (la Veuve Noir) puis un humain (Œil de Faucon qui lui envoie une flèche qui se révèle explosive), est à la botte d’une armée d’extraterrestre,… Loki prend constamment une position « bad ass » avant d’être continuellement cassé dans son élan. Il se lance dans un discours de dictateur à l’encontre de pauvre terriens apeurés ? Il arbore un costume kitsch avec un casque à cornes avant de se faire capturer par le Captain America. Loki n’apparait que comme un jeune gringalet prétentieux cachant sa peur derrière un sourire blanchâtre.    

Mais cette autodérision constante est malheureusement permanente. Une comparaison peut flatteuse rapprocherait Avengers aux James Bond de l’ère Roger Moore ou Pierce Brosnan qui ponctuait la moindre des scènes par une vanne ou une pirouette, rappelant ainsi au spectateur que tout ceci n’est pas bien sérieux. Non pas qu’il faille aller dans l’excès inverse, tous les films de super-héros devant alors avoir un message pessimiste post-11/09 et une esthétique réaliste en vue de copier les Batman de Christopher Nolan. Mais un minimum de sérieux serait le bienvenue chez Whedon lorsque celui-ci termine un plan-séquence enfin épique et iconique par une blague visuelle digne d’un Chuck Jones. Comme si l’équipe de tournage ne croyait jamais à ses personnages.    

Ce manque de sérieux est perceptible dans le scénario lui-même, puisqu’il enchaine les scènes saugrenues. L’équipe de Loki attaque la station volante du Shield (une organisation d’espionnage surpuissante) en envoyant au grand maximum dix soldats.  Tout comme le petit secret de Bruce Banner pour contrôler Hulk qui apparait comme un cheveu sur la soupe. On peut ajouter à cela le changement de camp brutal et salvateur d’Œil de Faucon après qu’il ait reçu un coup sur la tête (pas si difficile que ça finalement de le sortir de l‘emprise du « dieu de la traitrise ») ou encore la réanimation comique d’Iron-man afin d’annihiler tout enjeu potentiellement dramatique. Tout comme Loki n’apparait pas comme un ennemi impressionnant, la menace extraterrestre qu’il entend permettre n’est jamais perceptible. Elle est à l’écart du long-métrage pendant près de deux heures avant de n’apparaitre pendant la bataille finale que comme une nuée d’insectes qui n’a d’autre objectif que de s’écraser comme des mouches dans des immeubles new-yorkais. Evidemment, aucune victime n’est montrée ce qui fait que le combat pour la survie de l’humanité semble se faire sans victime ou sacrifice (même l’intermède télévisé à la fin de la guerre est sur un mode léger et ne mentionne aucune perte humaine).

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/31/58/20069300.jpgRassemblement !    

Tout est-il pourtant à jeter dans Avengers ? Non, car il y a une réelle dynamique de groupe qui est perceptible pendant le long-métrage. Pas aussi efficace et pertinente que si elle avait été faite par Brad Bird mais elle reste cependant plutôt intéressante. D’un côté il y a l’Iron-man narcissique et égocentrique à la pointe de la technologie, et de l’autre le Captain America désuet au service d’autrui et de sa patri. Entre les deux vient s’immiscer le dieu de la foudre Thor qui entend bien clamer son rôle de leader du groupe, d’autant plus qu’il est lui-même le roi du monde d’Asgard. Sur le côté vient se greffer une ébauche de relation, qui aurait pu vraiment être intéressante si elle avait été plus approfondie, entre l’incontrôlable Hulk et la Veuve Noire. Une séquence particulièrement intéressante voit les Avengers se disputer à un moment de plus en plus critique avant d’être obligé de collaborer dans l’action pour repousser l’assaut de la plate-forme volante. Mais ils ne sont alors pas suffisamment coordonnés et leur victoire n’est que partielle. Ce n’est vraiment qu’à partir de ce fameux travelling circulaire, qui montre tout le même groupe rassemblé et prêt à se battre, que l’on comprend que la réunion est enfin possible et à ressentir légèrement l’excitation des vingt dernières minutes de Mission Impossible – Protocole Fantôme.    

Mais il est malgré tout difficile de s’extasier sur Avengers. Il peine déjà à équivaloir le dernier X-men de Matthew Vaughn, autre films de super-héros groupés, alors comment pourrait-il atteindre le sommet du genre super-héroïque au cinéma ? Le scénario est pleins de trous et les interprétations pas forcément mirobolantes (Johansson est peu crédible en super-espionne, Downey Jr. cabotine toujours bien qu'il soit plus en retrait que ne le laissait présager la campagne marketing). La seule véritable surprise, et sûrement l’une des clés principales du succès hystérique de ce film, tient en quatre lettres : Hulk. Après deux films en demi-teinte, le géant vert fou-furieux a enfin droit à une version cinématographique à la hauteur de sa réputation. Toutes les séquences où il apparait sont jouissives et l’excellent Mark Ruffalo, pourtant pas forcément évident dans le rôle, s’en tire à merveille. L’ennui, c’est que Hulk n’apparait qu’au bout d’une heure et demie, ce qui réduit pas mal l’intérêt des nombreuses séquences de discussions soporifiques ou de scènes d’action léthargiques (l’introduction de la Veuve Noire) qui ont précédées. Pour le reste, la direction artistique est à l’avenant : photographie terne, bande originale peu inventive de Silvestri, montage peu dynamique et effets spéciaux impressionnants. Divertissant mais anecdotique. Si le doute est encore permis quant à la réussite du troisième épisode de Batman par Nolan, The Dark Knight Rises, de nombreux détails ne jouant pour l’instant pas en sa faveur, il viendra très clairement relever la barre du film de super-héros qui est décidément tombé bien bas depuis son The Dark Knight en 2008. En attendant, circulez, il n’y a pas grand chose  à voir.    

NOTE : 5,5 / 10

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 00:54
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Titre original : Battleship

Film américain sorti le 11 avril 2012

Réalisé par Peter Berg

Avec Taylor Kitsch, Liam Neeson, Alexander Skarsgard,…

Action, Science-fiction, Thriller

Océan Pacifique… Au large d’Hawaï, l’US Navy déploie toute sa puissance. Mais bientôt, une forme étrange et menaçante émerge à la surface des eaux, suivie par des dizaines d’autres dotées d’une puissance de destruction inimaginable. A bord de l’USS John Paul Jones, le jeune officier Hopper, l’Amiral Shane, le sous-officier Raikes vont découvrir que l’océan n’est pas toujours aussi pacifique qu’il y paraît. La bataille pour sauver notre planète débute en mer.

     

Le blockbuster va mal. La ressortie de Titanic au cinéma a suffit à remettre les points sur les « i ». Quinze ans après, la superproduction de James Cameron écrase très largement toute concurrence. En comparaison, on ne peut que regarder avec un certain mépris la plupart des « films-évènements-à gros budget » qui paraissent régulièrement sur nos écrans depuis quelques années. Il suffit de faire le compte sur ces quatre premiers mois. Il y a eu un Sherlock Holmes 2 ennuyeux et vulgaire qui se fait ringardiser en quelques minutes par la géniale série de la BBC, un Ghost Rider 2 tout simplement honteux et au budget indécent, un pitoyable La Colère des Titans incapable d’exploiter dignement son univers pour le transformer en grande aventure épique et un Hunger Games barbant et faussement adulte. Il n’y a bien eu qu’un John Carter qui, malgré ses défauts narratifs évidents, avait un véritable souffle épique en dépeignant un univers plein de promesses qui ne seront malheureusement jamais tenues car son échec au box office a annihilé toute possibilité de suite.

Cinquième gros blockbuster américain de 2012, troisième après Hunger Games et La Colère des Titans qui ouvre la saison estivale, Battleship n’arrivera pas à redresser la barre, loin de là. Coutant pourtant la même somme que le film de Cameron, le long-métrage de Peter Berg n’arrive pas un seul instant à atteindre la justesse narrative (mais ça, ce n’est pas une surprise) ni même la puissance émotionnelle et visuelle malgré sa débauche d’effets pyrotechnique et de CGI. Autre gros problème, il est basé sur un sujet complètement crétin. Depuis l’immense succès de la trilogie Transformers, adaptée des jouets robots-véhicules de la société Hasbro, cette dernière ne cesse de voir dans ses licences de potentiels cartons cinématographiques. Pour le plus grand malheur du spectateur qui aime voir de grands spectacles sans qu’on se moque de lui.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/74/29/79/20077640.jpgJeux d’enfants

Et attention, le jouet adapté n’est rien de moins que le jeu « passionnant » de la bataille navale, « Touché Coulé ». Sans rire. Et des producteurs lucides ont décidé d’y tabler rien de moins que 200 millions de dollars, hors budget de promotion. Et pour aboutir à quel résultat ? A du sous-Michael Bay, et ce, à tous les niveaux. Pas une seule image ne semble pas ne pas avoir été reprise des long-métrages du plus immature et mégalomane des réalisateurs américains. Même photographie, même composition de plans, même bruitage,… Certaines séquences comme l’attaque de Hong Kong semblent tout droit tirées de la série Transformers. Même indigence narrative aussi puisque le scénario de Battleship peine à faire vivre ses trop nombreux personnages et à les faire passer pour autre chose que des stéréotypes ou des fonctions.

Il y a évidemment le grand frère moralisateur et exemplaire destiné à mourir à la moitié du film pour que son frère cadet irresponsable prenne sa place contre toute attente et tâche de se montrer à la hauteur de son prédécesseur. Il y a la top-model blonde un peu nunuche et inutile qui permet d’insérer une « love story » artificielle, condition sine qua non de tout blockbuster américain qui se respecte, et qui a bien du mal à ne pas apparaitre comme autre chose qu’un moyen bien peu subtil d’instaurer un peu d’enjeux et de dilemme personnel dans cette bataille technologique qui n’aurait laisser que peu de place aux sentiments. Au final, la trame qui l’implique pourrait être purement et simplement supprimée sans que cela n’influence en quoi que ce soit le récit. Sa seule utilité est de se retrouver comme une andouille dans le camp des méchants extraterrestres au moment où celui-ci risque d’être pulvérisé par les gentils militaires. On a bien compris, cet artefact de suspense est le suivant : pour sauver l’humanité, le héros doit risquer de tuer sa bien-aimée…

Mais comme il ne sait pas qu’elle est là, l’intensité du moment est limitée à une phrase que le héros dit à haute voix : « j’espère que tu n’es pas là ». Probablement afin de bien souligner l’enjeu de la séquence aux spectateurs que les producteurs considèrent comme des idiots. A côté de ces personnages principaux, beaucoup de soldats interchangeables classiques : le bleu gaffeur, la femme de couleur, le vieux général grincheux (qui est aussi le père de la blonde), le sage blessé qui finira par retrouver une cause pour se battre et voir que l’armée c’est malgré tout super chouette. Et pour finir, on a droit à quelques séquences au Pentagone et à un scientifique geek immature. Bref, rien de nouveau sous le soleil d’Hawaï qui se fait « attaquer » par des extraterrestres ne voulant en fin de compte qu’installer une antenne de communication. Battleship aurait pu être très original s’il avait sous-entendu que ces extraterrestres venaient dans un but pacifique, mais leur caractère belliqueux n’est au final jamais remis en question. Il aurait été mal vu pour un film de gros studios de sous-entendre que l’humain peut être paranoïaque et prompt à appuyer sur la gâchette quand il se croit menacé.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/74/29/79/20077647.jpgE.T. Téléphone. Maison

Les extraterrestres constituent eux-mêmes une menace bien ridicule. Leurs vaisseaux traversent l’espace mais ne peuvent, une fois sur Terre, que se déplacer en faisant de grands bonds sur la surface de l’eau. Les aliens de Battleship ont aussi un point faible bien handicapant quand on atterrît sur ces îles paradisiaques puisqu’ils sont très sensibles à la lumières du soleil. Encore heureux qu’il n’ait pas le point faible des mystérieux visiteurs du Signes de Shyamalan. Leur look est aussi assez grotesque et ils portent une sorte de barbe organique qui peine vraiment à leur donner une crédibilité quelconque tout en les affublant d’un air beaucoup trop humain. D’autant plus qu’en termes de guerriers, on a vu plus efficace. Alors que ceux-ci sont envoyés pour créer une station relai afin d’envoyer un signal pour faire venir des renforts qui viendront dans ce camps de fortune, ces extraterrestres sont bien incapables d’attaquer un homme si celui-ci ne pointe pas une arme vers eux. Une idée en soit qui pouvait être intéressante comme on l’a vu précédemment si celle-ci avait montré des humains bien plus agressifs que les envahisseurs. Mais non, cela ne sert juste qu’à sauver une poignée de gentils personnages en fâcheuses postures.

Le problème de Battleship, et accessoirement de ce genre de productions mises en scène par Berg, Bay ou Roland Emmerich, est de savoir le niveau de second degré ou de cynisme instillé à la base dans le long-métrage. Difficile de certifier dans ces images de drapeaux américains sur fond d’hymne militaire avec, au premier plan, quelques jeunes militaires regardant au loin, s’il s’agit d’une image de propagande ou bien d’une imagerie volontairement grotesque et pompeuse. Lorsque le groupe de vieux vétérans de la seconde guerre mondiale débarquent à la façon d’une scène culte d’Armageddon, on est partagé entre la consternation et une envie de rire ; d’autant plus lorsque Berg en rajoute une couche en amenant « subtilement » des soldats américains à s’allier avec des soldats japonais sur un croiseur au milieu d’un Hawaii assiégé par les airs (référence très discrète à Pearl Harbor). Et comment prendre la scène où un croiseur de trois cents mètres fait un dérapage comme s’il s’agissait d’une moto alors que pendant tout le reste du film les séquences de batailles navales sont filmées avec un sérieux papal ?

Au final, le film ne choisit jamais son camp. Battleship est à la fois une grosse production qui ne semble pas assumer son statut ainsi que le matériau original dont il est adapté et une farce qui se moque des codes ringards et conservateurs du genre tout en étant plutôt premier degré dans une grande majorité des séquences qui sont loin d’être les plus abouties. Et le concept en lui-même ? Il n’est repris que lors d’un court passage étonnement réussi d’une vingtaine de minutes où les héros restent scotchés devant un écran ce qui est un fait assez rare dans ce type de blockbusters survitaminés où tout doit aller très vite et exploser bruyamment. Pour le reste, et ce même si Taylor Kitsch est plutôt bon et qu’on regrette que le Liam Neeson grincheux ne soit pas présent plus d’un quart d’heure, c’est l’ennui total tant le long-métrage est convenu et dégage constamment une odeur de déjà vu. Visuellement pas brillant à l’exception d’un plan séquence, écrit de façon indigente et porté par un casting pas forcément pertinent (Rihanna est encore plus mauvaise qu’on aurait pu l’imaginer), Battleship est un énième produit très cher destiné à ne rester dans les mémoires du spectateur que pendant le temps de la projection. Le genre de projet purement opportuniste qui fait le minimum syndical, ce qui sera suffisant pour capitaliser sur une licence qui n’a pourtant rien de cinématographique et surtout aucun intérêt.

NOTE :  3,5 / 10

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 00:03
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Titre original : Mirror Mirror

Film américain sorti le 11 avril 2012

Réalisé par Tarsem Singh

Avec Julia Roberts, Lily Collins, Armie Hammer,…

Fantastique, Aventure, Drame

Lorsque son père, le Roi, meurt, Blanche Neige est en danger. Sa belle-mère, cruelle et avide de pouvoir, l’évince pour s’emparer du trône. Quand la jeune femme attire malgré tout l’attention d’un Prince aussi puissant que séduisant, l’horrible marâtre ne lui laisse aucune chance et la bannit. Blanche Neige se réfugie alors dans la forêt… Recueillie par une bande de nains hors-la-loi au grand cœur, Blanche Neige va trouver la force de sauver son royaume des griffes de la méchante Reine. Avec l’aide de ses nouveaux amis, elle est décidée à passer à l’action pour reconquérir sa place et le cœur du Prince…

     

Il est des projets bien surprenants et souvent opportunistes. Il s’agit de films ayant un même sujet et qui ne sortent pourtant qu’à quelques mois d’intervalles parce qu’ils ont été initiés en même temps pour concurrencer l’autre. Il y avait eu par exemple au début des années 90 deux films sur « Les Liaisons Dangereuses » de Pierre Choderlos de Laclos, une adaptation éponyme par Stephen Frears et un film de Milos Forman intitulé Valmont. Plus récemment il y avait eu les deux biopics sur Coco Chanel sortis la même année ou encore le doublé grotesque de La Guerre des Boutons (auxquels s’ajoutaient la ressortie de la version des années 60). Actuellement il s’agit de « Blanche Neige ». Deux adaptations (en fait une troisième était prévue avec Saoirse Ronan) ont en fait été mises en marche lorsque la nouvelle mode de transposition au cinéma de divers contes de fées s’est amorcée avec le carton de l’ignoble Alice au pays des Merveilles de Tim Burton.

En attendant les versions « live » et probablement édulcorées de « La Belle au Bois Dormant », « La Petite Sirène », « Hansel et Gretel » et « Jack et le Haricot Magique », attardons-nous sur cette Blanche Neige de Tarsem Singh. Un projet précipité qui a réussi in extremis à sortir avant le gros blockbuster « dark » Blanche Neige et le Chasseur réunissant les stars « poids lourds » Charlize Theron et Kristen Stewart. Bien que très imparfait au niveau du scénario, il faut dire que quelques réécritures n’auraient pas été de trop, ce Blanche Neige se démarque diamétralement avec son imposant concurrent par son parti pris. Le film de Tarsem Singh n’est pas une adaptation sérieuse. Et il est évident qu’il ne vaut mieux pas aller le voir si on ne part pas du principe qu’il s’agit d’un film pour enfants avec tous les défauts qui peuvent aller avec.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/19/61/20044998.jpgMiroir, mon beau miroir

Faire preuve de cynisme devant ce long-métrage c’est déjà faire fausse route. De même qu’on peut légitimement s’agacer des quelques séquences comiques parfois bas du front qui ne risquent pas d’amuser ceux qui ont plus de douze ans. Le long-métrage baigne aussi dans une ambiance festive et pleine de bonne humeur. La reine n’est pas du tout effrayante et ressemble bien plus à une « MILF » hystérique qu’à une « beauté fatale » inquiétante sur le point de commencer à flétrir. Julia Roberts prend d’ailleurs un grand plaisir à jouer avec sa très ancienne image de « pretty woman » hyper-canon. L’ancienne « sex-symbol » a bien eue ses premières rides et la voir s’acharner à conserver sa beauté d’antan (celle des années 90) constitue déjà en soit une plaisante mise en abime. Nombreuses sont ses séquences qui sont plutôt amusantes, y compris l’interminable scène de « relooking » où la reine est prête à subir les pires traitements pour résoudre la moindre imperfection de sa peau.

Son ennemie jurée est évidemment sa belle-fille sublime, rayonnante par sa jeunesse et son innocence, du nom de Blanche Neige. Jeune fille à qui revenait ce royaume autrefois si joyeux et dansant après que son roi de père ait disparu dans la mystérieuse et « inquiétante » forêt qui entoure la région. Elle représente à peu près l’antithèse de la méchante reine, cette dernière se croyant tellement radieuse et importante que c’est sa voix qui ouvre le film en disant qu’il s’agit de « son histoire ». Mais le film aborde en fait presqu’équitablement le point de vue de ces deux antagonistes. Si la reine est omniprésente dans la première moitié du long-métrage, envahissant l’écran par ses robes démesurément larges et tape-à-l’œil, Blanche Neige prend peu à peu de l’importance dans le récit qui est de plus en plus centré sur son point de vue. Sa tenue va en se simplifiant, passant des robes que la reine lui fait porter à une tenue de combat plus simple et adaptée à la vie en forêt.

Antagonismes complets à un détail près : elles convoitent le même jeune homme. Si elles sont au départ tombées sous son charme (elles le voient pour la première fois toutes les deux fois torse nu), elles tentent d’y mettre le grappin pour des raisons divergentes. La reine le voit comme un moyen de satisfaction strictement personnel pour se rassurer en se disant qu’elle est encore séduisante et jeune (elle lui fait croire qu’ils ont à peu près le même âge). La jeune princesse voit en lui un dessein bien plus large puisqu’elle le considère comme celui qui pourra l’aider à restaurer la paix, la sécurité et la profusion dans son royaume affaibli en l’alliant avec celui du jeune homme, bien plus rayonnant. Un mariage royal visant plus le bonheur du peuple que de celui du roi ou de la reine. Mais un mariage d’amour quand même car, même s’il y aura dans les deux cas un ensorcellement (la potion magique de la reine, artifice pervers, contre un « vrai premier baiser » de la jeune princesse pour casser le charme précédent), le jeune prince et Blanche Neige ont eu le coup de foudre d’un seul regard (la belle séquence de bal le montre d’une façon assez jubilatoire).

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/19/61/20045003.jpgDemoiselle en danger

Ce Blanche Neige est néanmoins très différent du conte que l’on connait. Si la plupart des éléments narratifs sont bien repris, c’est pour être souvent détournés. Il y aura par exemple bien la fameuse pomme empoisonnée mais la séquence où elle en est le centre se déroule bien différemment de l’originale. La tonalité même du conte est assez changée pour privilégier une atmosphère moins angoissante. Difficile de trembler devant forêt enneigée de studio qui cacherait ce terrible monstre qui hante le royaume. La réalisation est suffisamment au second degré, même lorsque la reine ordonne la mort de sa belle-fille, pour que toute la charge dramatique soit désamorcée ; la séquence où le valet fidèle, censé avoir tué Blanche Neige mais ayant fini par céder à son charme, montre « les viscères » de la victime comme preuve de l’assassinat vire elle-aussi au grand guignol pour ne pas trop inquiéter le très jeune public.

Le film de Singh se révèle par contre intéressant dans sa façon de détourner les codes du genre. Blanche Neige n’est pas ici la frêle jeune fille qu’un beau prince valeureux doit délivrer avant de l’amener dans son château pour l’épouser. Dans le long-métrage de Singh, le prince est à la recherche d’une aventure car il peine, depuis son départ du giron quelques mois auparavant, à trouver de trépidantes actions pour prouver sa valeur. Et ce n’est pas sa première embuscade qui va arranger les choses. Croyant avoir affaire à des géants, il s’aperçoit une fois à terre qu’il s’agit d’une bande de nains. Pas forcément glorieux pour un jeune chevalier qui aurait préférer occire deux ou trois dragons. Et il passera la plupart du long-métrage dans des vêtements efféminés à froufrous ou sous l’effet d’une potion qui le fait réagir comme un chien. Ils se retrouvent donc perpétuellement dans des postures humiliantes et aura bien du mal, même lors du combat final, à avoir sa part de gloire dans cette aventure qu’il recherchait depuis si longtemps.

A l’inverse, Blanche Neige n’a rien de la belle jeune princesse faible et naïve qu’il faut sauver. Elle ne l’est qu’au départ avant que l’une de ses servantes ne l’incite à sortir voir le monde. Symboliquement, elle délaisse un temps ses robes pour arborer une tenue de combat plus pratique à la vie en forêt et à sa vocation de « Robin des Bois » aux côtés des nains. Après un entrainement à la Rocky, elle est vue par ces derniers comme une « meneuse », rôle généralement attribué à un homme dans l’inconscient collectif, surtout quand le groupe n’est quasiment mené que par des membres du sexe masculin (le genre de « petit » détail qui avait été popularisé avec Aliens de James Cameron qui voyait la « frêle » Sigourney Weaver dirigeant toute une troupe de « marines » bourrins). De même, elle sauve à plusieurs reprises le prince et parvient même à le battre en duel. Et si le combat final se fera sous la forme d’un duo, c’est bien la princesse qui donnera cette fois ce fameux baiser.

Les femmes prennent le pouvoir sur les hommes. Le Blanche Neige de Singh est en tout point de vue un film féministe. Ou comment une femme casse l’image dans laquelle on l’enferme pour mieux prendre ses responsabilités et devenir enfin autonome, sans aucune tutelle. Bien entendu, cela ne fait pas de ce long-métrage un grand film. Mais bien que trop imparfait et assez vite oubliable, le scénario n’étant pas un modèle de cohérence surtout spatial et temporelle entre les divers allers et venues des protagonistes entre le palais et la forêt, il n’en reste pas moins assez plaisant et étonnamment supportable par rapport à ce que la campagne marketing ne laissait présager. Et ce « conte revisité » pas bien méchant est enfermé entre une belle séquence d’ouverture animée qui vaut le détour et une scène musicale finale entrainante à la sauce bollywoodienne, rejoignant définitivement le caractère oriental de la direction artistique et les racines de son réalisateur. De quoi déjà justifier la petite heure et demi de visionnage. Une chose est certaine en tout cas : c’était peut-être bien l’histoire de Blanche Neige en fin de « conte ».

NOTE :  5,5 / 10

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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 17:59
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Titre original : Twixt

Film américain sorti le 11 avril 2012

Réalisé par Francis Ford Coppola

Avec Val Kilmer, Bruce Dern, Elle Fanning,…

Epouvante-horreur, Thriller, Romance

Un écrivain sur le déclin arrive dans une petite bourgade des Etats-Unis pour y promouvoir son dernier roman de sorcellerie. Il se fait entraîner par le shérif dans une mystérieuse histoire de meurtre dont la victime est une jeune fille du coin. Le soir même, il rencontre, en rêve, l’énigmatique fantôme d’une adolescente prénommée V. Il soupçonne un rapport entre V et le meurtre commis en ville, mais il décèle également dans cette histoire un passionnant sujet de roman qui s’offre à lui. Pour démêler cette énigme, il va devoir aller fouiller les méandres de son subconscient et découvrir que la clé du mystère est intimement liée à son histoire personnelle.

     

Les réalisateurs américains des années 70 ont pour la plupart tous mal vieillis. George Lucas, brisé par le succès inattendu et phénoménal de Star Wars, a depuis renoncé à la carrière qu’il rêvait étant jeune et s’est enfermé dans cet univers de « space-fantasy » qu’il semble s’acharner à détruire comme pour se venger de ce coup du sort qu’il n’avait pas su prévoir. Brian de Palma est sur la pente descendante depuis son chef d’œuvre L’Impasse sorti en 1993 bien que l’on espère encore un sursaut salvateur avec Passion, son hommage à ses thrillers érotiques des seventies prévu pour l’année prochaine. William Friedkin a eu une longue traversée du désert après son génial To Live and Die in L.A. (bien meilleur titre que Police Fédérale – Los Angeles) mais celle-ci semble peut-être prendre fin avec la sortie il y a quelques années du très intense Bug. La confirmation se fait encore attendre vu que son prochain film Killer Joe est éternellement repoussé et est pour l’instant prévu pour la rentrée prochaine.

De ce groupe il n’y a bien eu que Spielberg et Scorsese pour tenir sur la durée. Le premier a vu la décennie précédente être sa période la plus prolifique et audacieuse, certes qu’entachée par le catastrophique Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal. Le second a enchainé quelques œuvres particulièrement abouties et modernes bien qu’aucune, à l’exception à la rigueur des Infiltrés, n’ait atteint le niveau de son dernier chef d’œuvre crépusculaire A Tombeau Ouvert. De tout ce petit groupe, il reste encore le cas Francis Ford Coppola. Comme George Lucas, sa carrière ne ressemble pas trop à ce qu’il envisageait au départ ; et il ne s’est d’ailleurs jamais caché pour démonter ses plus grands chefs d’œuvres qu’il avait pour la plupart réalisé avec l’appui (ou la contrainte) des studios. Il avait clairement réduit la cadence au cours des années 90 après que Le Parrain III et Dracula lui aient permis d’éponger les immenses dettes que le flop gigantesque de Coup de Cœur lui avait infligé (coulant de nouveau sa société American Zoetrope).  

Mais un changement s’est amorcé il y a une poignée d’années. Après avoir tenté de relancer ce fameux projet Megalopolis, film somme énorme qu’il essaye de monter depuis trente ans et qu’il voit comme une œuvre fondamentale pour le cinéma au même titre que Mozart pour la musique ou Picasso pour la peinture, il l’a finalement abandonné (officiellement du moins car l’espoir fait vivre) pour favoriser des long-métrages à petits budgets. Des films qu’il réalise comme s’il reprenait sa carrière « pré-Parrain ». A plus de soixante-dix ans, Francis F. Coppola se retrouve dans la peau d’un étudiant de cinéma qui se débrouille pour monter des projets fauchés et qui s’y livrent corps et âmes souvent maladroitement.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/42/35/20024453.jpgIntrospection

Des œuvres pour le moins déroutantes puisqu’il semblait que le réalisateur avait reculé, tombant dans des pièges pour débutants qu’un metteur en scène expérimenté comme lui aurait dû savoir éviter. Souvent lourds, pompeux, souffrant de baisses de rythme et de narration pas claire, ses deux précédents ouvrages n’étaient néanmoins pas dénués d’intérêt. L’Homme sans âge notamment, qui racontait la quête désespérée d’un homme cherchant à contrôler le temps, prenait un écho particulier venant d’un metteur en scène senior qui regardait son parcours en réalisant qu’il n’avait pas eu le temps ni l’occasion d’accomplir ses rêves de jeunesse. De même, Tetro, « égotrip » prétentieux et « arty », dévoilait derrière une forme très léchée une analyse de la famille et du lien fragile entre la carrière artistique et une vie privée souvent trop envahissante.

En cela, Twixt n’est pas en décalage avec ses deux précédentes œuvres. L’histoire raconte le parcours d’un écrivain vieillissant et bedonnant (Coppola) à la recherche d’un sujet personnel pour un nouvel ouvrage pendant que ses collaborateurs et éditeurs s’acharnent à lui faire créer quelque chose de vendeur. Il s’agit pour Coppola de dévoiler à nouveau cette difficulté d’exercer un art sans impératifs commerciaux et qu’il est difficile de lier ce métier à sa vie familiale (sa femme le pousse à écrire ce livre pour payer les factures). Si on ajoute que cet écrivain a perdu sa fille dans un accident de bateau, il est impossible de ne pas faire le lien avec Coppola dont l’un des fils, Gian-Carlo, est mort dans un accident en tout point similaire.

Mais le fait est que le film ne va pas plus loin. Il se contente de poser ces états de fait sans en faire quelque chose ou en dire plus que ce qu’il avait déjà bien mieux dit dans ses films précédents. Ce ne sont que les cautions artistiques « made in by un auteur » qui sont placées ça et là pour faire croire que son œuvre est personnelle. Et ça marche visiblement puisqu’ils sont encore nombreux à défendre un film qui, s’il n’y avait pas marqué dans son générique de fin « écrit, produit et réalisé par Francis F. Coppola », n’aurait même pas eu droit à leurs égards et serait distribué directement en DVD comme un paquet de ces DTV, qui lui sont égaux voire parfois supérieurs, mais qui sont privés de sorties en salles car ils ne sont pas réalisé par l’homme derrière le Parrain et Apocalypse Now. Et il y en aura qui se feront berner par cette scène opportuniste, voyeuriste, malsaine où le spectateur voit le héros/Coppola qui regarde/met en scène l’accident de bateau de sa fille/de son fils. Une séquence qui arrive vers la fin et qui se veut comme le grand moment cathartique du personnage principal mais qui ne dégage aucune émotion tant elle est mal amenée et qu’elle ne semble en fin de compte rien résoudre pour le personnage puisque cet évènement n’était presque jamais mis en avant dans le récit.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/42/35/20024455.jpgRetour vers le passé

D’autres y verront évidemment la ressemblance avec les premières œuvres de Coppola, dont le film d’horreur Dementia 13 qu’il avait réalisé sous l’aîle protectrice de Roger Corman. Affiliation pas saugrenue puisque Twixt a un peu tout de l’actuelle série Z fauchée : budget microscopique, tournage dans un DV hideux, effets spéciaux kitsch qui feraient passer ceux de son Dracula pour un parangon de modernité, et mélange de genres plus que maladroit entre fantastique, horreur, comédie,… Mais là où Coppola et quelques uns de ses défenseurs voient une renaissance, permettons à ceux qui ont du mal à tirer un trait sur l’œuvre phénoménale qu’il avait accomplie de la fin des années 60 au début des années 90 de considérer qu’il s’agit plutôt de la régression d’un auteur désespérément tourné vers le passé pendant que d’autres plus modernes, comme Scorsese, s’acharnent à expérimenter avec des outils nouveaux même si leurs films ne sont pas non plus complètement aboutis.

A ce titre Coppola a souhaité convertir deux séquences en 3D, malgré tous ses propos méprisants sur ce nouveau format. Ce qui lui a valu quelques « hourrahs » et louanges de la part d’une presse époustouflée de l’audace de ce vrai auteur qui utilise dans un nouveau but la 3D en ne l’incluant que dans quelques minutes du long-métrage ; une même presse qui vomit régulièrement sur un Cameron qui, quitte à faire payer un supplément aux spectateurs, lui en donne près de trois heures. Mais Cameron n’est pas un « auteur » comme Coppola, ce qui permet à ce dernier de voir les autres glorifier ses miraculeux propos, et ce, même quand il s’agit de faire payer deux euros de plus au public pour trois minutes de 3D parait-il mal faite. Les projections semblant n’être finalement qu’être faite en 2D, il est malgré tout impossible de dire quelles sont ces deux séquences si exceptionnelles et différentes pour bénéficier d’un autre format puisqu’aucune ne se démarque des autres. De même, lors de certaines avant-premières, Coppola s’éclatait à refaire le montage du film numériquement en fonction des réactions du public.

Peut-être que projeté dans ces conditions, Twixt a un intérêt comme s’il s’agissait d’une attraction de foire. En l’état on ne peut admirer que la laideur esthétique de ce navet insipide qui se contente de filmer en gris mauve les scènes de rêves en faisant ressortir de temps à autres une couleur comme dans Rusty James. Les cadrages et le montage sont absolument rudimentaires pour quelqu’un qui faisait encore récemment preuve d’une certaine dextérité. On se retrouve avec des séquences de conversations téléphoniques ou sur « Skype » filmées avec un « split-screen » basique qui fait d’ailleurs perdre une certaine rythmique et spontanéité à ces mêmes scènes. A côté de ça il faut aussi mentionner les interprétations outrancières des acteurs dont pas un seul ne semble crédible ; un comble pour un artiste venant du théâtre qui plaçait le jeu d’acteur au-dessus de tout. Val Kilmer semble s’ennuyer, Bruce Dern surjoue le shérif bouseux, Elle Fanning ne parvient pas à sauver avec sa candeur les lignes aberrantes qu’on lui fait dire et Alden Ehrenreich, ridicule en émo gothique charismatique, récite un poème de Baudelaire (nouvelle caution auteurisante) dans un français plus qu’approximatif.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/42/35/20024456.jpgL’histoire sans fin

La narration est brouillonne et inutilement compliquée. A certains moments on se croirait devant une caricature de caricature de David Lynch (puisque ce dernier n’est plus que l’ombre de lui-même depuis quelques années). Ce qui ravira les amateurs de films faussement compliqués pour batailler pendant des heures sur le net si telle ou telle scène est la réalité ou n’est qu’une illusion/un rêve/une hallucination/une vision d’ivresse. En l’état, le film de Coppola n’a ni queue ni tête et l'histoire dans le rêve ne rejoint presque jamais celle dans la réalité. Ce n’est qu’un « gloubiboulga » qui vise à aboutir à une « fin-coup de théâtre » que l’écrivain/Coppola recherche depuis qu’ils ont fait ce demi-rêve inachevé qui les a hanté et inspiré. Un peu comme il l’avait pour Apocalypse Now lorsqu’il l’avait tourné sans trop savoir sur quoi ça allait aboutir. Sauf qu’il n’y a nul dénouement métaphysique ou choc dans Twixt. Juste un bête twist qui arrive sans prévenir, n’apportant aucun cohérence à l’histoire et amenant au passage, probablement involontairement, une morale finale assez douteuse puisque justifiant les actes de ces pasteurs et shérifs intégristes apeurés.

Le film s’achève sur une énième note soi-disant humoristique, le film essayant d’être drôle, mais il ne fait hélas que rire à ses dépends. Si le film est déjà suffisamment embarrassant sans qu’on en fasse une lecture personnelle, Twixt prend un sens bien désagréable si on rattache véritablement Coppola à son alter ego fictif. Car le constat est bien amer, au moins autant que ces long-métrages de Burton encensés depuis dix ans alors qu’ils portent tous en sous-texte la déchéance de leur auteur. A la fin, l’écrivain n’est pas complètement parvenu à écrire quelque chose de personnel puisque son éditeur n’y voit qu’un sujet/twist « en béton » (donc vendeur). Et au final, son livre ne se vend pas très bien. Comme si Coppola faisait le parallèle avec son dernier film qu’il sait complètement mineur et raté ; film qui se veut personnel mais qui n’est qu’une succession d’images tocs ponctuée par un final putassier à la mode après la vague de vampires Twilight/True Blood. Le film ne fait pas peur, ni rire et amène abominablement mal son imagerie fantastique, et ce n’est pas l’arrivée d’un Edgar Poe fantasmé qui viendra résoudre ce problème (mais ça fait encore une autre caution auteurisante sérieuse).

Entre des séquences absolument consternantes (il faut se pincer lorsqu’on voit la scène du ouija ou celle du camp de gothiques satanistes), Val Kilmer ne fait que se balader dans divers rêves moches pendant qu’Edgar Poe lui raconte toute l’histoire. Zéro implication comme pour le spectateur. Seule une conversation entre l'écrivain et Poe surnage de l'ensemble où le second explique comment il a écrit l'une de ses plus grandes nouvelles. Il est bien triste que Coppola, après avoir enfin acquis la liberté artistique qu’il désespérait d’avoir, n’en fasse que ça. Si Coppola annonce son retour à des sujets plus ambitieux après sa parenthèse indépendante, on a bien du mal à croire à un futur retour en grâce. Car sinon il vaudrait mieux pour lui d’arrêter les frais s’il ne veut pas finir sa carrière en vieux has been gâteux comme quelques uns de ses compères parmi lesquels on trouve Carpenter ou encore Argento.

NOTE :  1 / 10

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13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 18:41
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Titre original : My Week with Marilyn

Film britannique sorti le 04 avril 2012

Réalisé par Simon Curtis

Avec Michelle Williams, Eddie Redmayne, Julia Ormond,…

Biopic

Au début de l’été 1956, Marilyn Monroe se rend en Angleterre pour la première fois. En pleine lune de miel avec le célèbre dramaturge Arthur Miller, elle est venue tourner Le Prince et la Danseuse, le film qui restera célèbre pour l’avoir réunie à l’écran avec Sir Laurence Olivier, véritable légende du théâtre et du cinéma britanniques, qui en est aussi le metteur en scène.  Ce même été, Colin Clark, 23 ans, met pour la première fois le pied sur un plateau de cinéma. Tout juste diplômé d’Oxford, le jeune homme rêve de devenir cinéaste et a réussi à décrocher un job d’obscur assistant sur le plateau. Quarante ans plus tard, Clark racontera ce qu’il a vécu au fil des six mois de ce tournage mouvementé dans son livre, « The Prince, the Showgirl and Me ». Mais il manque une semaine dans son récit. Son second livre, « Une semaine avec Marilyn », relate la semaine magique qu’il a passée, seul, avec la plus grande star de cinéma du monde…

     

Quatrième biopic évènement de 2012 après J. Edgar Hoover par Eastwood, Margaret Thatcher par la réalisatrice de Mamma Mia et le magistral Cloclo devant la caméra très inspirée de Florent Emilio Siri, c’est au tour de l’icone Marilyn Monroe, l’une des actrices les plus célèbres au monde morte tragiquement en 1962, de repasser devant l’écran par le biais de Michelle Williams. Cinquante ans après le mythe fascine encore puisque de nombreux projets étaient prévus sur elle, dont Blonde d’Andrew Dominik, le metteur en scène de L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford qui est pour l’instant occupé avec Killing Them Softly (autrefois connu sous le titre bien plus accrocheur Cogan’s Trade).

Mais c’est Simon Curtis qui en a profité pour lui damer le pion avec My Week with Marilyn. Il faut d’abord saluer l’originalité de sa forme. Il ne s’agit en effet pas de la chronique de toute une vie, structure narrative assez difficile à tenir puisqu’elle demande un certain doigté au niveau du rythme et de l’ellipse au risque de ne faire qu’un long-métrage évasif qui passe à côté de la quintessence du personnage représenté pour n’en donner qu’un compte rendu chronologique et extérieur. L’histoire du long-métrage se concentre ainsi sur une courte durée de quelques mois. Un simple épisode, peu connu d’ailleurs, dans la vie de la grande star, qui a vu l’assistant du réalisateur Laurence Olivier avoir droit le temps de quelques jours aux faveurs de la blonde la plus célèbre du XXème siècle.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/79/89/42/20032925.jpgLes hommes préfèrent les blondes

Ce n’est donc pas la « grande histoire » qui sera relatée mais bien la « petite », qui fera de temps en temps écho au mythe Monroe et à d’autres évènements de sa vie. Mais déjà une autre difficulté se présente pour ce biopic : peut-on raconter une personne en ne dévoilant que quelques mois de son existence ? Cela demande avant tout un script à toute épreuve, qui soit d’une minutie et d’une précision telle que la moindre scène puisse avoir un sens pouvant se rattacher au parcours de son personnage principal réel. Pour être plus clair, il ne faudrait pas que My Week with Marilyn ne soit qu’une courte romance impossible qui pourrait être exactement la même si les personnages étaient fictifs, mais qu’il arrive à être une « mini-tragédie » révélatrice de la « grande-tragédie » de Marilyn Monroe : être un être désespérément à la recherche d’amour et qui ne peut l’obtenir parce que le monde lui en donne déjà beaucoup trop.

Il est évident qu’un film de moins de deux heures ne peut qu’effleurer la complexité et les nombreuses blessures de Marilyn Monroe. Et il est aussi évident que l’on ne risque pas d’épuiser le sujet en un seul long-métrage. C’est là l’une des principales faiblesses du film de Curtis. En est-il pour autant un échec complet ? Non, bien que d’apparence il ait tout du biopic archi-classique que quelques producteurs bien avisés ne rechignent pas à produire tant il y a marqué sur l’emballage « film à oscars ». My Week with Marilyn est un « film à oscars », d’autant plus qu’il traite d’un sujet éminemment hollywoodien et cher à l’Amérique (la belle Marilyn fait partie intégrante de la culture nationale). Mais il parvient à se sortir quelques peu du piège en réussissant à s’intéresser sur une poignée de points et de thématiques qui dépassent le simple cadre « Monroe ».

Le premier, le plus évident, est ce choc des cultures entre l’Amérique et l’Angleterre. L’acteur de théâtre Lawrence Olivier passe derrière la caméra pour réaliser la comédie Le Prince et la danseuse et pourchasse l’agent de Marilyn, non sans intérêts plus personnels que privés, pour que celle-ci vienne sur l’île de la Grande Bretagne afin de le tourner. Les deux côtés de l’Atlantique se retrouvent pour ainsi dire face-à-face. Mais les méthodes apparaissent vite comme divergentes. D’un côté il y a Laurence Olivier et toute sa troupe d’acteurs anglais dont les méthodes sont plus proches du théâtre : on apprend ses répliques et on les dit avec une certaine rythmique précise. Pas d’adaptation à l’acteur. C’est l’acteur qui doit bien s’adapter au script. On ne modifie pas le texte qui a été mûrement travaillé, les mots doivent être dits parce qu’ils sont écrits et qu’ils n’ont pas été modifiés au préalable. De l’autre il y a l’américaine Marilyn et sa conseillère actrice Paula Strasberg furieuse adepte de la « Méthode ». Celle qui permettrait de devenir un grand acteur en puisant dans ses névroses profondes pour incarner le personnage ; on ne doit pas le faire vivre mais le transformer en « soi-même », en faire sien.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/79/89/42/20032924.jpgLe Prince et la Danseuse

Deux façons de faire donc diamétralement opposées qui vont entrainer quelques retards sur le planning du tournage. Cette opposition binaire est personnalisée par le rapport entre Olivier et Monroe, deux personnages qui, malgré tout le respect qu’ils se portent l’un et l’autre, n’arriveront jamais à se comprendre et à vraiment collaborer. La phrase la plus marquante et la plus pertinente du long-métrage résume bien cet état de fait. Ils ne peuvent se comprendre car ils empruntent des chemins qui ne font que se croiser. Pendant que l’une est une « star de cinéma qui veut devenir une actrice », l’autre est un « acteur qui veut devenir une star ». Puisque tout deux souhaitent l’inverse de son partenaire, il est évidemment impossible qu’ils parviennent à se comprendre et à se rejoindre.

C’est là qu’entre en scène Colin Clark, jeune homme de bonne famille qui part « se dévergonder » dans le cinéma. Avec beaucoup d’opiniâtreté, il parvient à se faire une place sur le tournage en devenant un simple assistant tout en réussissant à obtenir les « parrainages » bienveillants de Vivien Leigh, actrice alors compagne « vieillissante » et brune d’Olivier (ce qui en fait le négatif total de Marilyn), et de l’actrice âgée Sybil Thorndike incarnée par Judi Dench. Il est le lien communicatif entre ces deux côtés bien qu’il doive un moment choisir exactement à quel camp il appartient ; ce qui le verra se mettre un peu à dos quelques uns de ses collègues jaloux dont la costumière Lucy (interprétée par Emma « Hermione » Watson) à qui il faisait la cour avant l’arrivée de Monroe. Le coup de foudre pour le jeune assistant est inévitable puisqu’il avait déjà eu lieu d’une certaine façon dans une salle de cinéma lors de l’introduction où l’actrice faisait mine d’envoyer un baiser à la caméra, et donc au spectateur qui la regarde (à savoir Colin).

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/79/89/42/20032917.jpgI wanna be love by you

Si la romance en elle-même n’est pas des plus intéressantes, d’autant plus qu’elle est reléguée à une petit demi-heure sur tout le long-métrage, elle a néanmoins le mérite de révéler quelques aspects intéressants. Il y a d’abord ce côté conte de fée, « trop beau pour être vrai » : tout comme le geek dans Young Adult qui parvenait vingt ans plus tard à conclure avec la « reine du bal » qu’il convoitait mais qui devait lui rester inaccessible, My Week with Marilyn relate de façon plus réussie la réalisation improbable d’un autre fantasme où la star internationale daignerait poser un regard (et un clin d’œil), voire plus, au jeune assistant relégué au fond du plateau et qui ne pouvait auparavant que l’admirer sans la « toucher ».

Mais ce que révèle au final en sous-texte cet étonnant mais bref épisode, c’est que le film n’est pas vraiment un long-métrage sur Monroe que sur l’aura que dégageait Marilyn. Une aura si brillante qu’elle masque la jeune femme blessée et fragile qu’il y a derrière. Une « ingénue » qui, si elle peut s’émerveiller de l’admiration que lui vouent les gens, peut se sentir agressée par cette meute de fans (la scène dans la rue est éloquente sur ce point). Une jeune fille à qui on n’aurait pas assez dit « je t’aime » et « tu es belle » pendant son enfance et qui essaye de soigner son mal-être, son anxiété voire son dégoût de soi-même à coup de cachets qui finiront par avoir raison d’elle en 62. L’un des oncles de Colin demandera à l’actrice ce que cela fait d’être la femme la plus connue au monde. Beaucoup de mal. De même qu’un verre déborde lorsqu’il est trop plein, il est impossible de garder une seule parcelle d’amour lorsque l’on en reçoit autant. Car son aura est si incandescente qu’elle finit par bruler tout ceux qui se sont approchés de trop près. On ne ressort pas inchangé d’une rencontre avec cette femme aussi involontairement charismatique que Marilyn.

Si le grand film sur Monroe reste à faire, le long-métrage de Simon Curtis n’est pas inintéressant ; il est même l’un des précurseurs de cette futur possible nouvelle mode du « film making of » racontant la création d’une ancienne œuvre cinématographique (la genèse du Psychose d’Hitchcock est déjà en préparation). Le fond est assez abouti : scénario bien écrit, acteurs impressionnants qui ne cabotinent pas malgré leurs rôles (à ce titre, Michelle Williams méritait bien plus l’oscar tant son incarnation représente l’antithèse de celle outrancière de Meryl Streep dans La Dame de Fer)... Mais le problème est que My Week with Marilyn apparait plus comme un « film d’acteurs ». Des deux méthodes, Simon Curtis semble avoir clairement penché sur celle des Anglais : pas d’improvisation, pas de surprise, pas d’audace qui viendrait casser une structure trop établie. Et c’est de même pour l’aspect formel du long-métrage puisque la mise en scène reste en retrait, bien sage et classique. Le vrai film sur Monroe se devra d’adopter, à l’inverse, les caractéristiques de l’icône qu’il dépeint : tourmentée, exubérante, inattendue, audacieuse et fascinante…

NOTE :  5,5 / 10 http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/79/89/42/20032905.jpg

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